Une saison à Hydra d’Elizabeth Jane Howard

Dramaturge à succès, Emmanuel Joyce est à la recherche du personnage féminin de sa prochaine pièce. Secondé dans ses efforts par son manager dévoué Jimmy Sullivan, il a pour épouse Lillian. Le trio voyage au gré des pièces d’Emmanuel et de ses engagements. Justement, ils doivent se rendre à Broadway pour auditionner une jeune comédienne. Avant cela, ils sont rejoints par Alberta, jeune fille de 19 ans, engagée comme secrétaire. Le trio devient alors quatuor et tandis que les essais pour trouver le personnage de la prochaine pièce d’Emmanuel se révèlent décevants surgit une idée assez insensée : faire jouer ce rôle à Alberta. Pour être tranquilles et fuir les mondanités, les quatre personnages vont prendre la route de la Grèce et s’installer à Hydra, le temps qu’Alberta s’approprie le rôle et qu’Emmanuel retrouve son inspiration. Mais les liens qui se tissent entre les quatre protagonistes vont fragiliser l’équilibre qui semblait s’être installé et modifier leurs trajectoires.

Une atmosphère parfaitement rendue, des caractères qui se dévoilent petit à petit, une analyse tout en finesse de la psychologie des personnages, un style d’une grande élégance, une maîtrise parfaite de l’art du dialogue. N’en jetez plus ! Ce livre est une pépite britannique.

“Sa présence était pour lui comme l’air qu’on respire : indispensable sur le moment, mais inutile en tant que simple souvenir ; ce n’est que dans les rares occasions où il réussissait à être seul avec elle qu’il pouvait emmagasiner de quoi supporter son absence.”

Elizabeth Jane Howard tisse avec brio la toile entre ces quatre personnages mus par des envies parfois antagonistes et dont les alliances fluctuent en fonction de l’évolution de leurs sentiments. Le tout est réalisé avec une grande subtilité, sans effets grandiloquents, avec beaucoup de sobriété et de justesse. L’auteure alterne les prises de parole et les points de vue de Lillian, Alberta, Jeremy et Emmanuel tout au long du récit dressant ainsi un portrait complet du paysage affectif de chacun d’entre eux.

C’est à la fois dépaysant et mélancolique, ancré dans une certaine réalité mais déconnecté des contingences habituelles du commun des mortels, habité par la nostalgie du temps qui passe, de ce qui est et de ce qui devient, de ce qui pourrait être et de ce qui advient finalement. Un beau voyage à faire.

Une saison à Hydra – Elizabeth Jane Howard / Traduction de Cécile Arnaud (Editions La Table Ronde – Collection La Petite Vermillon – juin 2020)

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