
Dans la famille d’Anne Sinclair, la légende voudrait que son grand-père paternel, Léonce Schwartz, ait échappé à la déportation de manière romanesque grâce à l’intervention de sa femme Marguerite. En enquêtant sur cet épisode, Anne Sinclair découvre une réalité plus complexe et met surtout à jour un événement très peu connu de l’histoire de la France de Vichy.
En décembre 1941, 743 juifs ont été arrêtés. Parmi eux des avocats, des médecins, des chefs d’entreprise et Léonce. Ils seront internés au camp de Compiègne, sous autorité allemande. C’est de là que partira en mars 1942 le premier convoi vers Auschwitz venant de France. Léonce ne fera pas parti des déportés. Malade, il a été conduit à l’hôpital du Val de Grâce d’où sa femme parviendra à le faire sortir.
L’histoire personnelle de Léonce, mise à jour par sa petite fille, est surtout l’occasion de revenir sur une page d’histoire assez méconnue. Le camp de Compiègne n’est en effet pas celui qui est le plus cité et surtout cette rafle ciblée n’a pas été très souvent évoquée.
Alors évidemment, ce livre ne nous apprend rien qui n’ait déjà été dit, et avec tant de force, par certains témoins de ce crime contre l’humanité. Il ne dévoile rien de nouveau sur la cruauté, la monstruosité, l’inhumanité des bourreaux.
Mais il met en lumière certaines personnalités et des faits particuliers qui ont marqué ces trois mois passés dans le froid de Compiègne où la température avoisine les – 20 degrés et où la faim est une torture de tous les instants. Il précise les contours d’une politique nazie vouée à exterminer et dont cette rafle est l’un des événements initiaux en France.
« En relatant l’histoire de la rafle et du camp, je n’entends pas, moi non plus, faire des prisonniers de Compiègne des martyrs plus qu’ils ne l’ont été. Il s’agit seulement ici de mettre un peu plus de lumière sur l’histoire d’un camp en France, administré par les Allemands sur le régime de leurs camps d’extermination, et moins souvent évoqué que Drancy, Pithiviers ou Beaune-la-Rolande. »
Il met aussi en exergue d’autres écrits et constitue quasiment une réserve bibliographique sur laquelle se pencher pour en savoir plus.
Ce livre est surtout une pierre de plus pour faire perdurer le souvenir de ces atrocités, pour que la connaissance de ce qui s’est passé au cours de la seconde guerre mondiale ne disparaisse pas avec les derniers témoins.
La rafle des notables – Anne Sinclair (Editions Grasset – mars 2020)
Je l’ai trouvé très intéressant.
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Un sujet lu et relu…
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Non pas tellement. Cette rafle spécifique n’a pas été tellement traitée et pour avoir lu de nombreux livres et témoignages sur cette période je n’ai pas souvenir de l’avoir vue soulignée. Le livre d’Anne Sinclair a le mérite de la mettre en lumière et surtout de donner envie de lire tous les livres auxquels elle fait référence et qui semblent être intéressants. Et puis sur ce thème, je pense qu’on ne lira et relira jamais assez pour que ces atrocités ne s’oublient pas avec le temps et la disparition de ceux qui les ont vécu.
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J’avais découvert ce livre dans la blogosphère et je suis d’accord avec toi, il est bon d’entretenir le souvenir de cette époque et de ces exactions dans la mémoire collective. En tout cas, noté aussi de mon côté.
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Elle a enfin écrit sur l’histoire de sa famille. Sur le coup, je me suis demandée si ce n’était pas une homonymie. C’est à croire qu’on ne cessera d’apprendre sur cette période et ce qu’ils ont commis … Tu as raison, il faut continuer d’en parler parce que pour les jeunes générations c’est déjà tellement loin qu’ils ont l’impression que c’était un autre temps qui ne pourra plus être. Ils ne l’ont pas eu « à toutes les sauces » comme on a pu l’avoir. En tout cas je le lirai, c’est sûr. 🙂
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Elle avait déjà écrit sur son autre grand-père, Paul Rosenberg, et sur cette période douloureuse dans 21 rue la Boétie. Ces témoignages particuliers donnent vraiment toute la dimension humaine de ces horreurs qui sont advenues il n’y a pas si longtemps.
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