
Alors que les fêtes pour la rétrocession de Hong-Kong à la Chine battent leur plein en ce mois de juillet 1997, la famille Neumann doit faire face à la disparition de son chef, Walter. Tandis que l’enquête de la police locale piétine, Lisa, la fille de ce grand patron d’un important groupe de presse, décide de partir à la recherche de Walter. Armée des carnets intimes de son père, la voici partie pour un voyage qui la mènera jusqu’en Suisse sur les traces d’un ancien bourreau nazi et qui lui fera découvrir le passé, pas si neutre que cela, des banquiers helvétiques !
Ce roman suit celui intitulé Shangaï-la-juive mais pas la peine de l’avoir lu pour s’y retrouver parmi les personnages. Dynamique et entêtée, Lisa n’aura de cesse de trouver une explication à la disparition de son père et de le retrouver. Déterrant au passage quelques secrets bien enfouis qui pourraient mettre sa propre sécurité en péril.
“En 1933, lors des premières persécutions nazies, poursuivit-il, les autorités suisses refusèrent d’accorder le statut de réfugié politique aux juifs allemands. En conséquence, la communauté juive dut prendre en charge leurs frais d’hébergement, alors que les autorités fédérales ne demandaient ni aux Suisses catholiques ni aux protestants de financer l’accueil d’autres réfugiés fuyant le nazisme. Des ténors de la classe politique, agitant à tout propos le spectre judéo-bolchevik, mettaient le pays en garde contre “l’enjuivement” de la société.”
L’angle historique est ici très intéressant. Michèle Kahn met l’accent sur un aspect de la Suisse assez peu traitée et qui démontre que le pays n’a finalement pas été si désengagé du conflit de la seconde guerre mondiale. En 1997 la Suisse est en effet secouée par un scandale qui éclabousse les banques, accusées d’avoir accueilli “l’or des nazis” et d’avoir dérobé leurs biens à de nombreuses familles juives.
C’est cette thématique que Michèle Kahn prend pour toile de fond en amenant son héroïne à découvrir petit à petit ces sombres intrigues dont sa famille semble bien avoir été victime. C’est à ce titre très instructif. Avec un bémol toutefois, les descriptions des paysages et des traditions suisses donnent souvent l’impression de lire un guide touristique. Quant à l’histoire d’amour entre Lisa et Stefan, elle est bien fleur bleue ! Et cela ôte, malheureusement, de la tension dramatique à un sujet qui se suffisait à lui-même pour faire une excellente intrigue.
Lisa Neumann – Michèle Kahn (Editions Le Passage – mars 2022)
Dommage pour le côté fleur bleue.
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