
Le couple que formait Lorca et Sahar Varèse n’a pas survécu à la disparition de leur petite fille de quatre ans, Tishka, il y a deux ans. Si Lorca est persuadé qu’elle est encore en vie, Sahar n’a pas conservé d’espoir. Pour essayer de la retrouver, Lorca s’est intégré à une unité clandestine de l’armée en charge de chasser les furtifs. Les furtifs, ce sont des êtres hybrides qui circulent en marge de la vision humaine qui se métamorphisent constamment en métabolisant ce qu’ils croisent : végétaux, animaux, minéraux. Et si Lorca veut les approcher, c’est qu’il est persuadé que Tishka se trouve au milieu d’eux. Commence alors une quête effrénée qui va mettre des vies en danger et transformer radicalement les perceptions de Lorca et Sahar sur ces furtifs.
Pour une première incursion dans le domaine de la science-fiction, ce livre d’Alain Damasio semble à la fois tout indiqué et très exigeant ! Ce livre est exigeant pour plusieurs raisons. Tout d’abord la densité de l’histoire qui met en scène de nombreux personnages. Près de 1 000 pages à l’intérieur desquelles les histoires s’entrecroisent et où les personnages prennent la parole à tour de rôle. Ensuite, une construction surprenante à l’intérieur de laquelle chaque personnage possède sa signature graphique qui est reproduite dans le roman. Et puis un jeu avec la langue qui se fait parfois poésie, parfois slam, qui regorge de néologismes et qui perturbe le lecteur dans la linéarité du récit, le bouscule, l’oblige à inventer une nouvelle façon de se repérer dans les phrases.
“Plus nos rapports au monde sont interfacés, plus nos corps sont des îlots dans un océan de données et plus nos esprits éprouvent inconsciemment, cette coupure, qu’ils tentent de compenser. Et ils la compensent en se reliant à des objets, en touchant et parlant à des dispositifs qui nous rassurent – et nous distancent en même temps. Un réseau social est un tissu de solitudes reliées. Pas une communauté.”
Mais ce récit, c’est aussi une incroyable qualité d’écriture et une grande maîtrise dans la construction de l’intrigue qui ne lasse jamais le lecteur malgré le nombre de pages. C’est aussi des personnages auxquels on s’attache et qui prennent vie sous nos yeux. C’est surtout une réflexion passionnante sur l’avenir d’un monde hyperconnecté, hypercontrôlé, où les données des citoyens sont recueillies, analysées et utilisées. Sur l’action de l’être humain sur son environnement, sur nos prises de conscience, nos luttes et nos aliénations consenties ou non. C’est aussi une très belle histoire d’amour entre ces parents et cette petite fille devenue différente et qu’un simple regard peut tuer. Un roman qui illustre le pouvoir de l’espoir et la force qui réside dans le regroupement des différences.
Ce livre dégage une vraie force vitale et une inventivité débridée qui perdra peut-être parfois le lecteur mais pour mieux le cueillir quelques pages plus loin.
Les furtifs – Alain Damasio (Editions Folio – février 2021)
Belle chronique qui donne envie d’oser se lancer. Les thèmes abordés sont très actuels et passionnants. Les ouvrages exigeants nous récompensent souvent des efforts qu’on fait pour les lire 😉
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Une vraie découverte pour moi pour qui ce n’est pas du tout mon genre de lectures habituelles !
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Incroyable ce livre je l’ai dévoré 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 😀
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Un auteur que j’adore et qui a des choses à dire. Un roman passionnant.
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Une belle découverte pour moi !
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Ça fait des lustres que je lorgne sur ce roman de Damasio, et des lustres que j’hésite. J’ai tellement aimé « La Horde du Contrevent » que j’ai peur d’être déçue. Mais maintenant que j’ai lu quelques nouvelles de l’auteur, le récit jeunesse « Scarlett et Novak », et à lire ton retour, je n’ai plus à hésiter ! Certes, j’aimerais peut-être moins que « La Horde », mais ça n’empêche pas de passer un bon moment de lecture – et puis c’est un récit et un univers totalement différents.
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Je ne connais pas La Horde, mais je crois que je vais me laisser tenter. J’en entends beaucoup de bien.
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