
1970 dans un hôpital munichois. Konstantin (Koja) Solm y est hospitalisé et partage sa chambre avec un jeune hippie à qui il va entreprendre de raconter sa vie. Et quelle vie ! Une véritable épopée qui traverse tout le XXème siècle dans les pas d’un trio improbable : Koja, Hub et Ev. Tous trois frères et sœur (adoptive) mais aussi maris et femme, amants et maîtresse. Et à travers eux se déroule l’histoire d’un siècle où la barbarie s’invite et où les hommes sont capables du pire. Chris Kraus nous conte ici le parcours improbable et pourtant réaliste d’un homme qui de SS devient agent double, voire triple pour le KGB, la CIA, le Mossad. Allant même jusqu’à s’installer avec sa sœur-épouse en Israël alors qu’il a commis des crimes effroyables sous l’uniforme nazi.
Cette saga aux rebondissements multiples se dévore malgré ses plus de 800 pages. Impossible de la lâcher. Et on s’interroge en tant que lecteur sur ses propres motivations et sur cette fascination qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver pour le destin de cet homme qui a commis les pires des atrocités et qui est capable de trahir toutes les causes sans visiblement éprouver un seul remord.
“On ne peut pas sérieusement nous reprocher d’avoir été nazis : il est logique de se tourner vers l’avenir, et on n’en choisit pas toujours la teneur, car tant que cet avenir n’est pas le merdier du présent, il ne s’agit que d’un espoir – l’espoir que les choses s’améliorent avec le temps.
Mais parce que nous n’avions pas réussi à protéger nos vies du mensonge, alors que Hub, Ev et moi, je le jure, n’aspirions qu’à la vérité, le nazisme entra dans notre existence, puis la dépravation, puis le crime, et enfin la mort.”
Les seuls moments où on trouvera un peu d’humanité dans ce personnage, c’est dans sa relation amoureuse avec Maja et dans son rapport avec Anna, la fille qu’il a eue avec Ev. En dehors de cela, ce personnage plein d’arrogance, cynique, amoral, souvent lâche et plein de contradictions illustre ce qu’il y a de pire en l’être humain.
Chris Kraus entremêle l’histoire personnel de Koja et de sa famille et celle de personnages historiques bien réels créant un récit formidablement réaliste et terriblement effrayant.
La lumière de ce sombre roman vient des femmes présentes au fil de l’histoire. Ev tout d’abord, petite fille recueillie par la famille Solm qui cherchera à racheter les fautes de ses frères ; Maja au destin si tragique et la petite Anna. Mais toutes paieront le prix fort tandis que Koja tire son épingle du jeu en trichant et en s’inventant des personnalités pour se mettre au service d’entités différentes.
Cette fresque magistrale et parfois complexe est absolument passionnante, extrêmement riche par les sujets qu’elle aborde et les émotions qu’elle fait naître chez le lecteur. A lire au plus vite !
La fabrique des salauds – Chris Kraus / Traduction Rose Labourie (Editions Belfond – août 2019)
j’ai adoré aussi et très surprise de ne pas le lâcher malgré ses nombreuses pages
J’aimeAimé par 1 personne
Emballée par ce livre moi aussi
Comme toi j’ai trouvé le personnage principal cynique, amoral, souvent lâche et plein de contradictions. … mais pas arrogant…
Bonne soirée 🌆
J’aimeAimé par 1 personne
Ce titre revient régulièrement dans le bilan des coups de coeur, à lire donc ! 😉 ❤ Merci pour le partage.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui ! C’est un livre magnifique
J’aimeAimé par 1 personne
Je l’ai acheté en poche, je le lirai un jour !
J’aimeAimé par 1 personne
Lu en biais ta chronique car dans ma PAL et je veux garder ton mon plaisir pour l’horreur 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Tu as raison !
J’aimeAimé par 1 personne
Un excellent souvenir de lecture, très fort.
J’aimeAimé par 1 personne
Je l’ai lu il y a quelque mois déjà et il m’a laissé un grand souvenir. Un roman complexe mais sublime 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Une des belle découverte de ces dernières années.
Une plongé incroyable dans l’histoire contemporaine de l’Allemagne mais de l’Europe aussi !
J’ai adoré
J’aimeAimé par 1 personne
Ce livre est magnifique ! Et très marquant
J’aimeAimé par 1 personne
Je le confirme si besoin est ! 😉
J’aimeJ’aime