
Augustin Trébuchon est berger. Un berger simple, orphelin à treize ans, peu instruit. Augustin a 40 ans et c’est un poilu, engagé comme tant d’autres dans ce qu’il convient d’appeler la première guerre mondiale. Augustin a survécu à 4 ans de combats. Mais Augustin est mort, le 11 novembre 1918, à quelques minutes de la fin de cette terrible guerre, parce que le haut commandement a décrété que la guerre serait finie à 11h, alors que la paix a été signée avec l’Allemagne à 5h du matin. Augustin est le trente-cinquième et dernier soldat français tué dans les Ardennes le matin du 11 novembre 1918.
Peut-on faire plus absurde ?
« Foch a décidé trois jours plus tôt d’un horaire est compte s’y tenir. Celui qui lui fera modifier son plan initial n’est pas encore né : on attendra donc sagement 11 heures, le onzième jour du onzième mois, pour que sonne enfin le clairon. Foch aime l’ordre, les symboles, ou la numérologie. »
Alexandre Duyck nous invite à suivre les dernières heures d’Augustin, dernières heures pendant lesquelles il se souvient de ces quatre années d’enfer mais aussi de sa jeunesse dans son village. Un récit à la première personne, émouvant, dense.
Augustin est un homme qui ne remet pas en question les ordres qu’on lui donne, qui ne se pose pas de questions sur le bien fondé de cette guerre. Il fait, simplement, ce qu’il estime être son devoir de patriote.
« J’ai dit oui, oui à la guerre, oui à l’Alsace rendue à la France, oui à l’aventure, aux voyages en train et à la marche à pied, oui à la solde et aux vingt centimes journaliers, oui à la photographie, au portrait officiel. »
S’il n’atteint pas l’intensité des témoignages d’Henri Barbusse dans Le Feu ou de Maurice Genevois dans Ceux de 14, Augustin nous interpelle sur le destin tragique de ceux qui se sont battus avec courage et ténacité et rend un bel hommage à ce dernier soldat mort sur les champs de bataille et, à travers lui, à tous nos poilus.
Augustin – Alexandre Duyck (Editions JC Lattès – octobre 2018)
Merci aux Éditions JC Lattès et à NetGalley pour cette lecture édifiante et émouvante
L’absurdité des ordres de ces généraux criminels m’abasourdis. Une lecture qui doit être poignante. Merci d’en avoir parlé 🙂
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