La sirène, le marchand et la courtisane d’Imogen Hermes Gowar

Jonah Hancock est marchand et armateur. Mais voilà que le capitaine d’un de ses navires lui apprend qu’il a vendu son navire ! En échange, il lui propose une sirène. Or, la créature est non seulement assez laide mais en plus morte. Si au début Mr Hancock est bien embêté, force est de constater que les gens sont prêts à payer cher pour avoir le privilège de contempler cette petite chose étrange. Alors l’armateur va exposer la sirène, faisant ainsi fortune et pénétrant par la même occasion dans des sphères mondaines qui lui étaient jusque-là inconnues. C’est là qu’il va faire la connaissance d’Angelica Neal, courtisane fort prisée et grande manipulatrice. Entre ces deux êtres aux antipodes l’un de l’autre va se nouer une relation improbable et étonnante.

Imogen Hermes Gowar nous entraîne dans l’Angleterre de la fin du XVIIIème siècle à travers ce récit passionnant qui mêle le fantastique et le roman historique. Elle nous emmène à la rencontre d’aristocrates décadents, de demi-mondaines prêtes à tout pour s’extraire de leur condition et de marchands avides de richesses. Le meilleur côtoie le pire, et les plus vils personnages ne sont pas forcément ceux auxquels on pense.

« Il se peut fort bien qu’Angela croie ce qu’elle a dit, à savoir qu’elle n’est jamais plus heureuse que dans les bras d’un homme. Néanmoins, le fait d’y croire ne prouverait pas que ce soit vrai. »

Avec ce titre digne des contes des Mille et une nuits, l’auteure nous immerge d’emblée dans un récit onirique qui frôle parfois le cauchemar pour ses personnages qui ne semblent parfois plus maîtres de leur destin. Car la sirène est douée de pouvoirs étranges et peut entraîner ceux qui la côtoient très loin.

On suit avec beaucoup d’intérêt ce récit enchanteur qui mélange savamment la fable et la critique d’une société où le paraître est le maître de tout et qui laisse peu de place à ceux qui peuvent montrer quelques faiblesses. C’est un premier roman parfaitement maîtrisé, aussi bien par le style que par l’enchaînement des péripéties et par les portraits qu’il dresse des différents protagonistes. Il faut céder au chant de cette mystérieuse sirène sans hésiter !

La sirène, le marchand et la courtisane – Imogen Hermes Gowar / Traduction : Maxime Berrée (Editions Belfond – Mars 2021)

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