
Claudia a huit ans et vit avec ses parents à Cali, en Colombie. C’est une petite fille intelligente et sensible qui recherche l’amour de sa mère. Celle-ci, Claudia aussi, se rêvait un destin glamour et chic digne des stars de cinéma et se retrouve avec un mari plus âgé qu’elle, pas très beau, propriétaire d’un supermarché. Elle vit à travers les magazines les vies de celles qui la font fantasmer, délaissant la petite Claudia. Un beau jour, sa belle-sœur annonce qu’elle s’est mariée. Débute alors une liaison entre Claudia et le jeune et séduisant Gonzalo. Mais ils sont vite découverts et la petite Claudia assiste au conflit qui va opposer ses parents et aux menaces de séparations qui font vaciller son monde d’enfant.
L’histoire est ici contée à hauteur d’enfant. Si la petite Claudia est vive et très éveillée, bien des secrets des adultes lui échappent. Dotée d’une grande imagination, elle peuple sa solitude d’histoires inventées, de conversations avec sa poupée Paulina et des rares moments que sa mère lui consacre. Elle est surtout pleine de questionnements devant la mort. Celles des stars de cinéma qui surviennent parfois dans des conditions étranges (nous sommes dans les années 80 alors que disparaissent Nathalie Wood et Grace Kelly) mais aussi celles qui surviennent dans sa propre famille. Ses grands-parents, une cousine de sa mère qui s’est suicidée, une amie de ses parents portée disparue. Tout cela alimente chez la petite fille un sentiment d’angoisse et d’insécurité ainsi que la peur de perdre ses parents, d’autant que sa mère sombre dans une véritable dépression à la suite de son aventure avec Gonzalo.
“Mes parents faisaient semblant que tout allait bien, mais mon père dormait dans le bureau, je m’en suis rendu compte quand je me suis levée pour aller aux toilettes et que je l’ai vu à travers la porte entrouverte, en train d’arranger ses oreillers sur le canapé. Un petit homme chauve avec un corps en forme de crochet.”
On pourrait imaginer que ce livre est très sombre compte-tenu de son sujet. Mais pas complètement. Il souffle chez cette petite fille un véritable esprit combatif et elle possède encore, au milieu de sa gravité, la fraîcheur de ses huit ans qui lui permet de s’émerveiller de plein de petites choses. Ses remarques à la fois pleines de naïveté et de justesse sur la vie des adultes amènent souvent le sourire sur les lèvres du lecteur.
Comme pour son précédent roman, La Chienne, Pilar Quintana réserve une place centrale aux paysages, à l’atmosphère du pays, à la végétation. On étouffe de chaleur avec les personnages, on se perd dans le brouillard, on redécouvre le plaisir des espaces et ce sentiment de liberté. Les paysages semblent ainsi épouser les angoisses, les attentes ou les espoirs des personnages.
Ce nouveau roman de Pilar Quintana est encore une fois chargé de poésie et d’émotions. Décidément une belle plume à suivre.
Nos abîmes – Pilar Quintana / Traduction Laurence Debril (Editions Calmann-Lévy – janvier 2022)
J’avais aimé la chienne, malgré le côté glaçant de l’histoire. Celui-ci est sur ma pal
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J’aime décidément beaucoup cette auteure
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Oui, l’admiration se sent dans cette chronique ! Et pourquoi pas bien que j’avoue être très troublée par la vie de cette enfant !
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Une auteure à découvrir, en ce qui me concerne.
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J’ai beaucoup aimé les deux romans.
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