Deux personnages, un homme et une femme. Sept jours de leur vie. Un lieu unique, leurs datchas à la campagne.
Lui est traducteur, pas très brillant et timide, hanté par les fantômes de ses parents. Elle est une businesswoman surbookée, qui ne respire pas la joie de vivre. Ils sont là pour s’occuper des datchas laissées par leurs parents respectifs. Un lieu où ils ont habité enfants, où ils se sont croisés. Et pourtant, ils paraissent être à des années lumières l’un de l’autre et évoluer dans des mondes parallèles qui n’ont aucune raison de se croiser. La seule chose qu’ils semblent avoir en commun est leur amour pour la nature, leur besoin de solitude et les tourments liés à leur enfance et à leurs parents qui les conduisent à s’interroger sur le passé, la transmission et sur l’évolution de leur pays.
« Une semaine est un laps de temps suffisant pour prendre des mesures décisives. Dieu avait eu besoin de moins : l’Auteur de ce monde s’était affairé pendant six jours durant lesquels il avait réussi à créer la lumière et les ténèbres, la voûte céleste, la terre ferme et l’herbe, le soleil et la lune, les poissons, les oiseaux, les reptiles, les bêtes sauvages et l’homme. Et il s’était reposé le septième jour. »
Tout le roman d’Elena Tchijova est empreint de nostalgie, de regrets. La présence omniprésente de la nature et de la forêt donne au récit un rythme lent et contemplatif jusqu’au déchaînement final qui semble être le contrepoint de la fin d’un monde, d’un changement radical pour la Russie.
L’auteur interroge le passé tourmenté de la Russie, son histoire à travers, notamment, les personnages des parents des deux protagonistes et de l’ami traducteur du personnage masculin. Prises de position, soutien au parti, injustice, questionnement ou manque de questionnement, les deux personnages semblent avoir du mal à assumer les choix de leurs parents. Mais est-ce que cela les engage eux aussi ? Sont-ils forcément les dépositaires des choix de leurs parents ?
J’ai beaucoup aimé ce livre, le rythme imposé, lent et descriptif. J’ai retrouvé tout ce que j’aime dans la littérature russe, ce qui est souvent qualifié d’âme russe : tourmentée, pleine de questions, chargée de symboles, dense… Avec un aspect plus contemporain que ce que j’ai lu jusqu’à présent (Tolstoï, Dostoïevski, Pouchkine, Tchekhov… ou même Berberova. Sans parler de Soljenitsyne, qui a une place à part). Et j’avoue avoir totalement été enthousiasmée par le choix de l’illustration de la couverture !
La Planète des champignons est le second roman d’Elena Tchijova. Son premier, Le Temps des Femmes, a reçu le Booker Prize Russe en 2009 et a été adapté au théâtre en 2011. Il est aussi disponible aux Editions Noir sur Blanc.
La Planète des champignons – Elena Tchijova (Noir sur Blanc – août 2018)
Livre lu dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio que je remercie, ainsi que les Editions Noir sur Blanc.
J’ai lu le premier roman avec grand intérêt, séduite aussi par l’atmosphère, le ton. Je ne laisserai pas passer celui ci.
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Je n’ai pas lu le premier roman, mais je pense que je vais me le procurer
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