
James Gilmore est connu comme l’une des plus belles drag-queens de New-York en ce début des années 80. Sous le nom de Lady Prudence, il sillonne les bars, les clubs et les cabarets. Mais l’apparition et la propagation du sida vont mettre un frein à ces folles nuits et à la douce euphorie qui régnait jusque là. Trente ans plus tard, James rencontre Victor. Ex membre d’un gang, marié et père d’une petite fille, Victor se rêve lui aussi en drag-queen et James va le prendre sous son aile.
Sous le regard du lecteur vont défiler ainsi trente ans de la vie et de la culture d’un monde méconnu.
L’histoire est passionnante par ce qu’elle nous apprend de cet univers des drag-queens aux Etats-Unis, malheureusement je n’ai pas ressenti l’émotion que j’attendais à la lecture de ce roman.
« Bye la fête, on est crevé là. Il est temps de se mettre au pieu. On se dit que ça passera, tranquille, mais oui, tout va rentrer dans l’ordre. Ils vont trouver le fin mot à cette histoire de sida. Allons dormir, nous sommes robustes et new-yorkais. Nous sommes les survivants des plus grosses gueules de bois. Nous sommes certains que cette maladie au petit nom ne pourra jamais être pire que ça. »
Si j’ai trouvé intéressant de plonger au cœur de cette communauté qui a su ériger son mode de vie en art et qui assume totalement sa marginalité pour en faire une force, je suis restée toujours à distance des personnages et de leur histoire. Peut-être parce que l’écriture se veut extrêmement simple et factuelle mais pas moyen pour moi d’entrer en profondeur dans le récit. J’ai eu l’impression tout au long du livre de survoler les événements sans y pénétrer complètement.
J’ai aussi été gênée par la multiplication de la mention des personnalités qui gravitent autour du monde des drag-queens (Madonna, Bowie, Nina Hagen, Basquiat…). Ce name dropping revient bien trop souvent et n’apporte rien finalement au récit si ce n’est peut-être à donner une chronologie ou un système de repérage temporel.
« Victor, ton nom de scène est ton identité. Dans le milieu, chacun son blase, chacun sa planète d’origine. Si tu ne te bénis pas, tu ne peux pas savoir qui tu deviendras. Comme quand quelqu’un picole pour la première fois. Est-ce qu’il deviendra un ivre joyeux ou un sale type bourré ? Avec les drags, c’est pareil. Tu le sauras plus tard, sur scène, dans ton corps. Vous allez devenir deux personnes, ton drag et toi. Deux entités. Vous ne vous entendrez pas toujours. Chacun aura son persona. Si l’un est tendre, l’autre peut virer névrosé. Le Superman de ton Clark Kent. Mais attention à ne pas les confondre. Ne te laisse pas bouffer par le vampire de la création. On peut t’appeler Princesse, Zaza, Cynthia, tu restes Victor, l’homme qui distribue les cartes. »
J’ai par contre bien aimé la façon de mettre en avant les deux personnages, James et Victor, alternativement. Cet effet de miroir met en évidence les changements et les évolutions qui ont eu lieu au cours des trois décennies que couvre le récit. Et si j’ai ressenti un frémissement émotionnel c’est surtout grâce à Victor et à sa relation avec sa femme et sa fille.
Bon, je me demande quand même si ce livre n’est pas une nouvelle victime de cette malédiction bien connue qui consiste à attendre beaucoup d’un livre qui a reçu un accueil tellement enthousiaste auprès de beaucoup de personnes à sa sortie qu’on finit par être déçu au moment où on décide de finalement le lire.
Jolis jolis monstres – Julien Dufresne-Lamy (Editions Belfond – août 2019)
C’est intéressant de découvrir un avis plus mitigé que tous les encensements qu’il y a autour de ce livre. J’ai vraiment envie de me faire mon propre avis du coup ^^
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N’hésite pas, je suis curieuse d’avoir ton avis aussi
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Hélas, ça ne sera pas avant un bon moment, d’une part parce que je veux faire baisser ma PAL, d’autre part parce que je préfère acheter les livres au format poche ^^’ Mais le jour où je le lis, je partagerai évidemment mon avis 😉
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Quel déception quand on n’accroche pas à un livre que tout le monde a adoré…
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