
Dulcie Mainwaring, la petite trentaine, vient de rompre ses fiançailles. Afin de se consoler et de s’occuper l’esprit, elle se rend à un colloque où elle fait la rencontre de deux personnes qui vont prendre une place inattendue dans sa vie. Tout d’abord Viola Dace, jeune femme légèrement imbue d’elle-même. Puis le séduisant Aylwin Forbes qui vient d’être quitté par sa femme. Dulcie se prend de passion pour ces deux personnes au point d’accueillir Viola chez elle lorsque le propriétaire de cette dernière lui signifie son congé et de se lancer dans une enquête sur Aylwin et sa vie privée !
Mais que ce livre est drôle, que ce personnage de Dulcie est attachant même si on peut voir en elle les élucubrations d’une femme abandonnée qui, pour s’occuper, ne trouve rien de mieux à faire que de se lancer dans l’espionnage de cet homme qui l’intéresse au plus haut point.
Mais ce qui est charmant chez Dulcie, c’est une certaine forme d’autocritique et d’autodérision, car on sent qu’elle-même se rend compte de toute l’étrangeté de son comportement.
« Dans une certaine mesure, Dulcie avait le sentiment que Viola était sa création et qu’elle n’avait pas répondu à ses espérances, comme le personnage d’un livre qui ne serait pas arrivé à prendre vie. Combien de gens dans la vie, si on les transférait dans la littérature tels qu’ils étaient, n’y arriveraient pas ! »
Les personnages mis en scène par Barabara Pym ne sont pas forcément toujours sympathiques : Viola est parfois franchement tête à claque, Aylwin globalement désagréable et Dulcie peut parfois paraître un peu mièvre. Mais ce sont justement ces défauts qui les rendent si humains et qui permettent à Barbara Pym de magnifiques fulgurances humoristiques dans les dialogues ou dans les situations qu’elle décrit.
Même les personnages secondaires qui traversent ce récit sont extrêmement bien campés et jouent leur rôle à la perfection, tissant autour de Dulcie un enchevêtrement de liens qui semblent tous converger vers le bel Aylwin, objet des pensées de la jeune femme.
C’est un roman plein de charme, qu’on lit avec le sourire aux lèvres. Barbara Pym dose avec justesse la satire de la société britannique des années 1960 et croque avec bonheur les travers d’hommes et des femmes quelque peu désœuvrés, occupés de relations amoureuses plus ou moins réussies et surtout d’eux-mêmes.
Décidément, Barbara Pym est une auteure que je retrouve toujours avec plaisir depuis que je l’ai découverte grâce à la collection Belfond Vintage !
Les ingratitudes de l’amour – Barbara Pym / Traduction Anouk Neuhoff (Editions Belfond – mai 2021)
Il y a très longtemps que je ne l’ai pas lu.
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Voilà qui me donne envie de me replonger dans l’atmosphère si délicieusement surannée de Barbara Pym.
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J’aime vraiment beaucoup cette auteure !
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