Les rêveurs définitifs de Camille de Peretti 

Emma est traductrice et vit seule avec son fils de quatorze ans, Quentin, dans leur appartement parisien. Les fins de mois sont difficiles et Emma lutte au quotidien, entretenant ses rêves de devenir une écrivaine reconnue mais traduisant des bluettes toutes construites sur le même schéma. Acculée par des soucis d’argent, elle accepte de travailler pour une société du web, Kiwi, qui cherche à créer un logiciel de traduction. Tandis qu’Emma se débat entre besoins d’argent et déontologie, Quentin s’enferme dans une réalité virtuelle qui l’obsède totalement, au point de faire une incursion dans le dark web et de se retrouver recruté par une mystérieuse organisation.  

Camille de Peretti mélange allègrement réalité, réalité virtuelle et rêverie dans ce roman qui met en scène des personnages en quête de sens et qui cherchent à fuir un quotidien qui ne les satisfait pas. C’est assez souvent drôle, pertinent dans les questionnements que cela soulève quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle et à la place qu’elle pourrait prendre vis-à-vis de l’homme même si cela ne répond pas à tout.  

“Emma et Quentin rêvaient définitivement, chacun dans son coin. Qui aurait pu leur en vouloir ? Donner la clef de son jardin secret, c’est prendre le risque que l’autre décide d’y venir tout arracher.” 

Rappelons que nous sommes ici dans un roman et pas dans un essai, même si on sent que l’auteure a potassé son sujet. Ce qui donne d’ailleurs quelques passages assez scolaires d’explications mais Camille de Peretti a décidément un sens de l’autodérision assez poussé car elle souligne ce travers elle-même, coupant ainsi l’herbe sous le pied de la critique !

On verra aussi apparaître quelques clichés au fil de la lecture comme les rencontres “amoureuses” d’Emma, le profil de sa meilleure amie, les affres de l’adolescence. Mais là encore, on ne sait pas vraiment si Camille de Peretti se laisse prendre au piège ou si elle joue avec malice des codes de certains romans.  

C’est donc au final assez jubilatoire, perturbant car on se demande sans cesse si on est dans un premier ou un second degré et très loin de la plongée dans le moyen-âge de son précédent roman Le sang des Mirabelles.  

Les rêveurs définitifs – Camille de Peretti (Editions Calmann-Lévy – août 2021) 

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