
Ma première rencontre avec Arthur Rimbaud remonte à mes années d’école et à l’apprentissage du poème Le dormeur du Val.
En dehors de cela, je n’avais qu’une vague idée de sa vie personnelle, mise à part sa relation avec Verlaine, et familiale. J’ignorais par exemple tout de sa mère, maîtresse femme autoritaire et revêche, quittée par son mari et qui se déclare veuve. De la même manière je ne connaissais pas l’existence de ses sœurs dont l’une mourut très jeune. Et je connaissais encore moins l’existence de Frédéric Rimbaud, d’un an plus âgé qu’Arthur.
Mais là, je serais presque excusée car tout à été fait pour gommer l’existence de ce frère aîné au point de trafiquer la photo de communion, que l’on retrouve en couverture de ce livre, où figuraient les deux frères pour l’en faire disparaître. Mais qu’a bien pu faire ce Frédéric pour que sa famille le renie ainsi et l’occulte de l’histoire officielle des Rimbaud ?
C’est ce que nous permet de découvrir le livre de David Le Bailly.
Et ce qu’il a fait est tout simplement impardonnable pour une famille bourgeoise, très à cheval sur les conventions et inquiète des qu’en dira-t-on. Frédéric Rimbaud a choisi d’épouser une femme bien en dessous de sa condition et de devenir conducteur de calèche. Un déclassement total, insupportable pour sa mère et sa sœur qui lui vaut d’être mis au ban de la famille.
« Et pour la première fois peut-être, il éprouva un sentiment d’injustice. S’il avait pu comprendre, un temps, que l’on s’intéressât davantage à son frère en raison de ses dispositions pour les études, ce privilège, à ses yeux, n’avait plus lieu d’être : Arthur avait abandonné le collège, la littérature, et il errait, seul dorénavant, au fin fond de l’Afrique. De ses dons exceptionnels, il n’avait pas tenu les promesses. »
Dans ce livre David Le Bailly explore les relations familiales et fraternelles. Alors qu’ils étaient inséparables enfants, les deux frères deviendront quasiment ennemis alors qu’Arthur s’est exilé en Afrique après ses premiers succès littéraires. On peut d’ailleurs s’interroger sur ses motivations à s’éloigner ainsi de sa famille.
Entre les chapitres racontant l’histoire de la famille Rimbaud et de l’autre Rimbaud, David Le Bailly revient sur les motivations qui l’ont conduit à mener cette véritable enquête et sur les entretiens qu’il a pu avoir avec les descendants de la famille Rimbaud et qui pour la plupart ne connaissent pas ou très peu l’existence du frère aîné d’Arthur Rimbaud. Comme quoi le travail d’effacement a bien fonctionné.
Ce roman dresse aussi le portrait d’un Arthur Rimbaud assez loin du personnage doux et romantique que j’imaginais. Il montre un homme plutôt cruel avec ce frère qui était pourtant quasiment son double dans l’enfance, se moquant ouvertement de cet homme qui est décrit comme étant limité intellectuellement par sa propre famille, condamnant ses choix de vie.
Ce livre interroge sur les relations familiales mais aussi sur la place qu’on peut occuper lorsque l’un des membres de la famille fait immanquablement de l’ombre aux autres par son intelligence, sa grâce, sa mise en lumière.
Un très beau travail de réhabilitation d’un homme sacrifié sur l’autel de la gloire et du mythe fraternels et pour lequel on ne peut que ressentir de l’empathie.
L’autre Rimbaud – David Le Bailly (Editions L’Iconoclaste – août 2020)
Oh, ce livre se trouve dans ma PAL, il sera lu très prochainement et je suis contente d’en avoir un avis 😀
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J’espère que tu aimeras aussi !
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Arthur Rimbaud sous un autre jour, également.
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J’ai beaucoup aimé ce titre ♥ Grosse désillusion concernant Arthur que j’ai trouvé particulièrement lâche au final, toujours à fuir et prompt à se ranger du côté de sa mère pour rester « le » fils. Effectivement cela interroge beaucoup sur les relations familiales. Pauvre Frédéric …
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Oui, le côté romantique et doux d’Arthur ne résiste pas !
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