
Juin 1940, le gouvernement français quitte Paris. Cet abandon donne le signal d’un exode gigantesque qui jette les populations sur les routes.
On trouve dans ce roman, pêle-mêle, Jacqueline Perret embarquée avec ses parents, son frère et leur bonne dans la voiture familiale pour rejoindre la propriété des grands-parents ; Lucien Schraut, soldat déserteur qui veut rejoindre la femme qu’il aime ; Paul Guirlange, avocat fasciste accompagné de sa femme Marie-Louise ; Hortense Gutkind, la jeune femme dont Lucien est amoureux. Tous se retrouvent bloqués au milieu de ce vaste chaos où chacun cherche à sauver sa peau.
Ce roman est puissant par sa force d’évocation. Les scènes apocalyptiques qu’il décrit lors des bombardements, les morts et les blessés qui jalonnent la route sont montrés dans toute leur cruauté et leur crudité.
« Quand le médecin a achevé sa tournée du hall, un silence soudain se fait, avec l’exception d’une longue plainte solitaire qui perdure, produite par une douleur atroce, inextinguible, au milieu des morts, des mourants, des possibles survivants. »
La psychologie des personnages auxquels l’auteur s’attache sont aussi extrêmement bien rendus avec leurs faiblesses, leurs petitesses, leur égoïsme et parfois leurs moments d’héroïsme.
Un roman qui rend compte avec force de ce que dut être cette période complexe, sans rien cacher des comportements humains.
L’auteur retrace par ailleurs avec beaucoup de détails passionnants la déroute des soldats, l’incompréhension générale et cette espèce de période où personne ne sait bien quoi faire au milieu de ce grand moment de déroute où rien ne semble maîtrisé.
« La défaite est là, ignoble, grouillant dans les rues élégantes, les avenues, les restaurants, les casinos… Ces gens ne pensent qu’à eux. On cherche un gîte, un passeport, on précise qu’on a de quoi payer. Les combines s’étalent en plein jour, pour une signature, un visa, un coup de tampon. »
La documentation est précise donnant encore plus de relief et de réalité aux événements.
C’est passionnant, on dévore ce roman page après page à la suite des personnages créés par Romain Slocombe jusqu’à l’annonce de la demande d’armistice annoncée par Pétain et à la perpétration de nouvelles atrocités, notamment le massacre des soldats sénégalais par les troupes d’invasion allemandes.
Un magnifique travail de reconstitution et de mémoire.
La Débâcle – Romain Slocombe (Editions Robert Laffont – août 2019)
Merci pour votre excellente analyse, du livre » La débâcle ».
Cette triste période de notre histoire n’a donné lieu, à ma connaissance, qu’à peu de romans.
Ayant récemment lu cet ouvrage, je ne peux que vous féliciter d’en avoir fait cette critique, attirant l’attention sur tous les évènements survenus lors de cette période troublée du début de la guerre de 1939-1945.
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Merci à vous. Pour ma part, si j’avais connaissance de cet exode je ne savais quasiment rien des troupes sénégalaises embarquées dans cette guerre et encore moins des massacres qui ont été perpétrés à leur encontre.
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Un auteur que j’avais bien aimé à ses débuts, mais que je trouve un peu répétitif.
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Je ne connais pas ses autres romans, cela m’a donc paru original et neuf 😉😀
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❤️Comme tu le sais, je suis d’accord avec toi. Il a été un énorme coup de cœur pour moi.❤️😘
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😉🧡
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Sur la même période et tout aussi réussi, je te conseille Monsieur le Commandant du même auteur (https://etsionbouquinait.com/2019/01/13/romain-slocombe-monsieur-le-commandant/)
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Je le note, merci !
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