
Juillet 1914, la France est encore gaie et optimiste. Malgré les signes qui s’accumulent tous veulent croire que la guerre n’aura pas lieu. Parmi eux, Jeanne, jeune femme libre, féministe, militante et socialiste. Entêtée aussi. Contre l’avis de son père, elle s’est installée à Paris pour poursuivre ses études, a trouvé un poste dans les équipes du journal L’Humanité de Jean Jaurès et même s’il est difficile de se faire une place au milieu de tous ces hommes, elle est aux premières loges du combat. Elle le sera encore quand la guerre éclate finalement, engagée comme infirmière, à la recherche de son frère Charles au cœur même du conflit.
Magnifique roman que ce livre de Philippe Hayat, qui nous plonge dans les premières heures de la première guerre mondiale, dans les pas d’une héroïne terriblement attachante. L’auteur retrace avec précision l’état d’esprit de la France à l’aube d’un conflit mondial qui se révèlera particulièrement meurtrier. A travers le prisme de l’histoire de Jeanne, il nous raconte une époque où on attendait des garçons qu’ils reprennent l’affaire familiale et des filles qu’elles se marient et certainement pas qu’elles décident d’aller étudier et travailler et encore moins qu’elles aient des convictions.
Si le personnage de Jeanne est intéressant, le descriptif de ces premières semaines de conflit l’est tout autant. C’est vivant (si on peut dire s’agissant d’un conflit qui fit autant de mort), vibrant. Les personnages de soldats mis en scène et les dialogues vont indéniablement chercher dans les écrits d’un Barbusse ou d’un Genevoix.
« Face contre terre, Jeanne ferme les yeux. C’est fini, je vais disparaître à mon tour. Le sol tremble, le ciel rugit. Autour d’elle, les hommes fous de douleur l’appellent encore, mais leurs cris ne l’émeuvent plus. Ce ne sont que des bruits de la guerre, comme le hurlement des bêtes et le fracas des explosions. »
C’est cru, violent, sombre, parfois éclaboussé d’un trait d’espoir ou de lumière mais la plupart du temps sanglant, tranchant, désespéré. Le récit éclaire sur le quotidien des soldats, pour la plupart condamnés à la mort ainsi que sur celui des équipes en charge de soigner ceux qui retournent à l’arrière blessés aussi bien physiquement que moralement.
En choisissant de faire porter son roman par une femme, Philippe Hayat donne un autre angle à la thématique de la guerre. Celui d’une femme engagée aux côtés des soldats, dans les tranchées, le courage chevillé au corps malgré les moments terribles de solitude, de doute, de terreur. Cela replace aussi très justement le rôle des femmes dans une page d’histoire qui est très souvent décrite d’un point de vue masculin et rend un bel hommage à ses “anges blancs” venus porter secours et réconfort aux blessés.
Encore une fois, après le très beau Où bat le cœur du monde, Philippe Hayat sait amener son lecteur en totale immersion dans un récit profond, réaliste, très bien construit et très prenant. Une réussite.
La loi du désordre – Philippe Hayat (Editions Calmann-Lévy – août 2022)
Voilà qui donne envie. Et, hop, un livre de plus dans ma pal 😉
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👍🏻
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Pas envie de lire sur la guerre en ce moment, mais je retiens tout de même le titre pour plus tard.
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Oui car c’est un beau roman et une héroïne attachante
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