Le dernier bain de Gwénaële Robert  

En ces jours caniculaires de l’an II, la Terreur bat son plein en France. Les têtes tombent à Paris et ailleurs, et cette vague d’exécutions ne semble pas prête de s’arrêter. Jean-Paul Marat y veille personnellement depuis sa baignoire où il a pris ses quartiers, rongé par une terrible maladie de peau. Mais autour de lui, les plus désespérés espèrent bien faire tomber le tyran. Ainsi de Jane, jeune aristocrate anglaise habitée par des envies de vengeance ou de Charlotte tout juste arrivée de sa Normandie. Mais il rôde aussi dans les parages de la rue des Cordeliers où habite Marat, Théodose, un moine qui a renié sa foi pour sauver sa vie, David, le célèbre peintre et soutient de la République, Marthe qui s’occupe du linge de Marie-Antoinette emprisonnée au Temple ou Jean-Baptiste Billot, ancien perruquier et qui vit désormais en tant que coiffeur. Tous ces personnages vont se croiser au sein d’un impressionnant roman choral qui conte les derniers jours de Marat et son assassinat par la jeune Charlotte.  

“Les tours de garde se suivent et se ressemblent. Il tire sur sa bouffarde, il joue aux dés, il s’ennuie. Et puis, la revanche, ça va un temps. Après, on veut du solide. Bien sûr qu’on aime voir les aristos le nez dans la poussière. Mais lui, c’est l’inverse qui l’aurait intéressé : voir des pas-grand-chose devenir des aristos, c’est ça qui aurait été fort. L’ascension lui plaît plus que la chute.” 

Avec ce brio déjà relevé dans Never Mind, son roman paru en 2020, Gwénaële Robert retranscrit à merveille cette atmosphère particulière d’un Paris qui suffoque sous la chaleur et sous l’oppression de ceux qui dirigent cette Révolution en faisant régner la terreur. Chacun des personnages croisé dans ce roman nous embarque totalement dans son histoire et on s’attache à leur pas avec beaucoup de plaisir.  

L’auteure décrit aussi parfaitement se sentiment de trop plein ressenti par la population. Trop de sang, de morts, d’arrestations arbitraires, de dénonciations. Et cette envie d’en finir avec ce régime pour qui tous sont susceptibles de devenir des ennemis, pour qui l’ami d’aujourd’hui est potentiellement celui dont on devra se méfier demain. Elle raconte, notamment à travers les personnages de Marthe et André Brisseau qui demeurent à la prison du Temple où sont encore enfermés Marie-Antoinette et ses enfants, les espoirs déçus de l’avènement d’un monde meilleur que la mort de Louis XVI devait pourtant annoncer.  

Ce roman historique se lit d’une traite et donne un éclairage passionnant sur un fait historique connu de tous en lui donnant cette touche d’humanité grâce à tous les personnages auprès desquels le lecteur chemine, partageant leurs angoisses, leurs doutes mais aussi leurs moments d’espérance.  

Le dernier bain – Gwénaële Robert (Editions Pocket – septembre 2020) 

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