
Il y a des livres comme ça, dont on sait dès les premières lignes, qu’ils vont vous captiver. Le roman de Franck Bouysse est de ceux-là. Que d’intensité dans ce récit qui retrace la vie de Rose à travers ses carnets qui se sont retrouvés entre les mains d’un ecclésiastique et aujourd’hui sous les yeux du lecteur.
Rose, qui à quatorze ans est vendue par son père à un maître impitoyable. Rose dont la vie va devenir un enfer sous la férule de ce maître et de sa mère, aussi effroyables l’un que l’autre. Rose, qui va découvrir la peur, la haine, la douleur, le désespoir. Rose dont le cœur va se meurtrir en apprenant la déception, la trahison, la lâcheté. Rose et son âme d’enfant précipitée dans un monde cruel et impitoyable. Quelle dose de monstruosité une jeune fille peut-elle supporter ? Où puisse-t-elle cette force qui la fait survivre, malgré tout ?
« Inspirer la pitié à quelqu’un, c’est faire naître une souffrance pas vécue dans un cœur pas préparé à la recevoir, mais qui voudrait pourtant bien en prendre une part, sans en être vraiment capable. La pitié, c’est le pire des sentiments qu’on peut inspirer aux autres. La pitié, c’est la défaite du cœur. »
En plus du personnage de Rose, l’auteur nous donne à entendre les voix du père de la jeune fille rongé par la culpabilité, de sa mère trop pleine d’un amour pour ses filles qu’elle ne sait pas comment exprimer, d’Edmond le palefrenier du domaine où est enfermée Rose, habité par de trop lourds secrets. Et puis le père Gabriel, dépositaire de la mémoire de Rose, servant de lien entre le passé et le présent. Des voix qui disent les meurtrissures, la perte, la pauvreté, la désillusion.
« La seule chose qui me rattache à la vie, c’est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je crois pas que ce mot existe il me convient. »
Ce roman est aussi la chronique d’une époque, la fin du XIXème siècle, durant laquelle une extrême pauvreté pouvait conduire certains à des gestes désespérés et d’autres à exploiter cette détresse. Et des enfants à vivre les pires des cauchemars.
Si les personnages et l’histoire sont immédiatement passionnants, que dire du style de Franck Bouysse ? Cette âpreté, cette intensité, ces enchaînements de phrases qui disent l’angoisse et la peur, ces mots qui se bousculent et qui crient le désespoir de Rose forment un ensemble magnifique. Le texte est parfois traversé de moments de lumière, furtifs, comme pour ouvrir une porte vers un autre possible, une échappatoire, une respiration pour permettre au lecteur de reprendre pied, reprendre espoir.
Difficile de parler de ce livre sans user de tout le lexique de superlatifs existants. Suffit-il de dire que cette lecture est un véritable coup de cœur ?
Né d’aucune femme – Franck Bouysse (Editions La Manufacture de Livres – janvier 2019)
C’est marrant, je l’ai mis dans ma PAL il y a quelques jours à peine. Hâte de le lire !
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Un roman qui m’a fait connaitre l’auteur et que j’ai beaucoup aimé, à la fois sombre et porteur d’une sorte de lumière intérieure, beau souvenir de lecture
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Mon coup de coeur de la rentrée de septembre 2019. Un auteur passionnant.
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Ta chronique est très belle ! C’est un livre qui est dans ma PAL et dont on dit le plus grand bien ! 🙂
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Un livre magnifique !
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Un roman puissant et beau! Un coup de coeur pour moi!
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J’ai découvert Franck Bouysse avec ce roman, je pense qu’il va falloir que je me penche sur son œuvre !
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Ce roman est bouleversant et mérite pleinement son succès. Ce récit est éblouissant, exceptionnel, inoubliable. Une construction impeccable, un tourbillon de maux habilement dépeints, ce roman ne se lit pas, il se vit.
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Un roman totalement captivant et un personnage qui reste longuement en mémoire en effet.
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