
Sarah rencontre Karim sur son lieu de travail. Il fait partie de l’équipe d’avocats qui s’occupe de son entreprise située à Alger. Assez vite Sarah est attirée par lui, son charisme, sa voix. Mais Karim ne vit pas à Alger. Il vit à Paris, où une femme l’attend. Pourtant une histoire d’amour se dessine entre eux et prend place dans les parenthèses où Karim vient à Alger, où ils se retrouvent à Paris ou à Londres, et dans lesquelles Sarah se laisse imaginer un avenir.
C’est Sarah qui nous raconte cette rencontre et cette histoire à travers la plume de Mina Namous. C’est elle qui nous entraîne à travers les rues d’Alger. Sarah est une jeune femme libre. A vingt-huit ans, elle vit avec sa mère et sa grand-mère, travaille, sort avec ses amis, ignorent ceux qui lui disent qu’il est temps de se marier. Mais elle est aussi contrainte par cette société corsetée, sur ses gardes lorsqu’elle sort avec Karim dans des lieux publics.
“Il pose beaucoup de questions, et par habitude je reste vague. On m’a appris à faire ça, dire les choses sans rien dire. Je regarde sa peau, elle devient une obsession. Elle a la même texture que sa voix, je ne pourrais pas l’expliquer, c’est indicible. Tout ce que je sais c’est que ça vient de loin, de loin dans le corps, et ça porte un monde. C’est cette façon de porter son corps aussi, un corps grand aux épaules larges, cette façon de marcher et de s’asseoir, ces millions de places qu’il prend. Il ne laisse rien aux autres, rien aux autres hommes.”
L’auteure nous raconte une histoire d’amour, relativement prévisible, entre une jeune femme éprise d’indépendance mais malgré tout en attente de ce que cet homme consent à lui donner, et un homme de dix ans plus âgé qui ne semble pas prêt à tout donner. Alors oui, le déroulement et les péripéties de leur relation semblent écrits d’avance, ainsi que le dénouement. Oui Karim est un brin caricatural dans ses réactions et Sarah un peu trop tendre et rêveuse. Oui le style est parfois maladroit et ramené à trop de simplicité.
Mais Alger palpite sous la plume de Mina Namous. On entre dans le cœur de la ville, son atmosphère. On fait l’expérience, avec Sarah, de ces contraintes sociales, familiales et religieuses omniprésentes. Mais on comprend aussi sa volonté de continuer à y vivre, alors que Karim a fait le choix de s’installer ailleurs. On ressent ses agacements lorsque l’homme qu’elle aime et qui a vécu son enfance et sa jeunesse à Alger, critique une ville qu’il ne reconnait pas et dans laquelle il a perdu ses repères. C’est ce personnage d’Alger, comme dressé entre ceux de Sarah et de Karim, qui donne du caractère au récit, lui permet de sortir de la banalité et qui incite le lecteur à poursuivre la promenade aux côtés de Sarah.
Amour, extérieur nuit – Mina Namous (Editions Dalva – janvier 2022)
très tentant !
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Je pourrais bien me laisser tenter par ce pays.
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