Pourquoi pas la vie de Coline Pierré 

Et si Sylvia Plath ne s’était pas donnée la mort ce 11 février 1963 ? Si quelque chose avait empêché la poétesse de mettre un terme à sa vie, a à peine trente ans ? C’est ce postulat que Coline Pierré développe ici, dans ce roman qui met en scène une Sylvia Plath bien vivante et qui, si elle est sujette aux épisodes dépressifs, trouvera la force de poursuivre son œuvre, tout en élevant ses enfants.  

Ce roman est très intéressant, surtout dans ce qu’il raconte du féminisme dans les années 60, du combat des femmes pour trouver leur place au sein de la société et ne pas être définies uniquement par leur statut marital, de cette volonté de devenir une artiste reconnue et dont l’œuvre compte au même titre que celle d’un homme. Plus largement, il raconte toutes les luttes de ceux qui appartiennent à ce qu’on a encore tendance à appeler les « minorités » et dont les années 60 ont été le théâtre.  

C’est une radioscopie précise de la société britannique des ‘60’s, et à travers le personnage de Sylvia Plath, on appréhende totalement ce que peut être cette société inégalitaire où seuls les hommes blancs détiennent le pouvoir et l’imposent à tous.  

« Dans le monde de 1963, alors que commence juste à s’esquisser pour une femme le droit de vouloir ou de ne pas vouloir quelque chose, ne pas désirer d’enfants revient peu ou prou à se promener dans la rue en costume d’extraterrestre tout en pissant sur les voitures, c’est-à-dire s’octroyer une liberté tellement incongrue et scandaleuse que presque personne ne songe à l’imaginer. » 

Ce destin totalement réinventé, donne une place de choix à Sylvia Plath et lui octroie le succès qu’elle méritait de connaître de son vivant. Dans ce Londres que les Beatles font chanter et alors qu’une véritable culture pop s’installe, la Sylvia Plath de Coline Pierré incarne cette soif de liberté, cette volonté d’émancipation, ce besoin de tout réussir : vie amoureuse, vie familiale, carrière… Une personnalité éminemment moderne à qui l’auteure autorise toutes les libertés. Coline Pierré réussit son pari de donner totalement corps à cette Sylvia Plath imaginaire.  

On pourra peut-être reprocher à ce roman un trop grand optimisme. En effet, si Sylvia Plath s’est suicidée c’est parce qu’elle était habitée par un mal de vivre incurable. Mais Coline Pierré ne lui donne, dans ce roman, que des raisons de ne pas récidiver : des femmes bienveillantes qui l’entourent, un ami précieux, un éditeur à l’écoute et un ex-mari avec qui elle finirait par devenir amie malgré le lourd passif qu’il y a entre eux.  

Mais l’ensemble donne indéniablement envie de découvrir ou de redécouvrir l’œuvre de Sylvia Plath.  

Pourquoi pas la vie – Coline Pierré (Editions L’Iconoclaste – mars 2022) 

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