
Tout commence par la réception d’une carte postale anonyme sur laquelle figurent, au verso, quatre noms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Au recto, l’Opéra Garnier. Quatre prénoms venus du passé qui résonnent douloureusement pour la narratrice et pour sa mère. Ces quatre noms sont ceux des grands-parents de cette dernière ainsi que ceux de son oncle et de sa tante. Ce sont les noms de quatre personnes mortes à Auschwitz en 1942. De la famille Rabinovitch, seule Myriam, la grand-mère de la narratrice, a échappé à la déportation. En menant l’enquête au sujet de cette carte postale, Anne Berest va faire revivre les heures sombres du passé et les fantômes familiaux.
Voilà un livre qui mérite amplement l’engouement qu’il a suscité et les prix qu’il a remporté (Renaudot des Lycéens 2021, Grand Prix des Blogueurs Littéraires 2021, Prix des Lectrices Elle 2022, Choix Goncourt Etats-Unis 2022). Ce qui, on ne va pas se mentir, n’est pas toujours le cas.
Comment rendre pleinement justice à ce récit et à toutes les émotions qu’il véhicule ? Au-delà de l’histoire dramatique de la famille Rabinovitch qui a incontestablement laissé des traces chez ses descendants, Anne Berest explore sa propre judaïté et son rapport à celle-ci.
“Après la guerre, dans les familles juives orthodoxes, les femmes avaient eu pour mission de mettre au monde le plus d’enfants possible, afin de repeupler la terre. Il m’a semblé que c’était la même chose pour les livres. Cette idée inconsciente que nous devons écrire le plus de livres possible afin de remplir les bibliothèques vides des livres qui n’ont pas vu le jour. Pas seulement ceux qu’on a brûlés pendant la guerre. Mais ceux dont les auteurs sont morts avant d’avoir pu les écrire.”
En mettant ses pas dans les traces de ceux qui ont vécu le pire, Anne Berest dessine les contours d’une histoire unique et douloureuse et pourtant partagée, malheureusement, par de nombreuses familles. Une histoire inscrite dans ses gènes et probablement dans ceux de ses propres enfants. C’est d’ailleurs l’arrivée de sa fille qui va décider la narratrice à se lancer dans cette enquête, à la fois passionnante et bouleversante, sur Myriam et sa famille.
Petit à petit, le voile se lève sur un passé qui n’en finit pas d’avoir des répercussions sur le présent, imbriquant irrémédiablement les destinées des uns et des autres en cercles concentriques et créant des ponts entre les générations.
Au-delà de l’exploration très réussie de cette histoire intime, Anne Berest parvient à nous entraîner dans une véritable enquête policière, jouant avec les codes du genre et son lot de découvertes et de rebondissements en y ajoutant cette dimension documentaire et humaine extrêmement précieuse.
C’est un livre remarquable, qu’il est bien difficile de lâcher avant son terme et la révélation finale.
La carte postale – Anne Berest (Editions Grasset – août 2021)
J’avais bien aimé !
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mmmh tu me donnes envie de découvrir ce roman et me conforte dans l’idée qu’il pourrait me plaire !
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Je crois qu’il ne faut pas hésiter 😉
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Je l’ai adoré ! Je n’ai jamais pu en parler aussi bien…
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Je trouve toujours difficile de rendre justice à un livre qu’on a particulièrement aimé et qui nous a touché
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j’ai aimé aussi et cette auteure est à suivre
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Un coup de coeur pour moi aussi !
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Une déception pour moi.
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