Les Magnolias de Florent Oiseau

Les Magnolias c’est la maison de retraite dans laquelle vit la grand-mère du narrateur, Alain, depuis une mauvaise chute. Elle reçoit la visite de son fils dépressif tous les après-midis et celle d’Alain tous les dimanches. Celui-ci est un acteur sans carrière qui végète en attendant le rôle de sa vie et qui pour s’occuper dresse la liste des noms les plus fréquemment donnés aux poneys !

Un dimanche après-midi, ces mots sortent de la bouche de sa grand-mère « Je t’aime », un aveu presque inconcevable entre ces deux timides. Mais ces mots sont immédiatement suivis de ceux-ci « Alors, aide-moi à mourir. » 

Oscillant entre tendresse et humour féroce ce roman dresse le portrait d’un perdant-perdu attachant. Les scènes dans la maison de retraite sont saisissantes d’une vérité terrifiante. 

Mais l’amour qu’Alain porte à sa grand-mère, sa relation avec son meilleur ami Rico, ses visites à Rosie en échange de sexe tarifé sont autant de pépites d’humanité que Florent Oiseau distille tout au long du récit.  

« Notre ville est moche, ses habitants sont moches, ses perspectives, inexistantes. Pour autant, personne n’en part. Il y a assez de commerces pour ne manquer de rien, assez de gens pour ne pas se sentir isolé, mais pas trop non plus pour perturber notre sectarisme inné. Les gens de chez nous ne partent pas en vacances et les autres ne viennent pas en vacances chez nous. On est le même nombre toute l’année. » 

L’auteur n’édulcore pas, appelle un chat un chat et c’est percutant de vie jusque dans les scènes les plus improbables.  

Très vite, tout devient citation à retenir, aphorisme implacable.  

« La macédoine, ça sent le chagrin, je trouve que c’est un plat émouvant. Elle nous rappelle la cantine, les colonies de vacances. Les séminaires moisis organisés par des boîtes ringardes. Mais c’est avant tout un plat d’aire d’autoroute, une entrée fédératrice. Mayonnaise et légumes, quelle audace. » 

Mais cette couche d’humour sous laquelle le narrateur se dissimule ne fait pas oublier ses élans de tendresse envers cette femme précieuse qui s’éteint doucement. Et cela encore amplifié par ce qu’il va découvrir. Car avant d’être sa grand-mère, elle est une femme qui semble avoir eu une vie bien remplie. 

C’est un livre lumineux, joyeusement désespéré mais surtout un livre d’amour. 

Les Magnolias – Florent Oiseau (Allary Editions – janvier 2020) 

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5 commentaires sur “Les Magnolias de Florent Oiseau

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