
Nessa et Tanya doivent se retrouver dans la maison de leur mère, Lorraine, là où elles ont grandi. Cela fait une dizaine d’années que les deux sœurs ne se sont pas réunies sous le toit familial et c’est le déménagement de leur mère qui est à l’origine de ces retrouvailles. Mais un événement dramatique va tout changer. Car Lorraine est victime de violences de la part de son mari, Jesse. Alors que Tanya pousse sa mère à porter plainte, Nessa est plus encline à tenter le dialogue. Quant à Lorraine, est-elle prête à se défendre ? Alors que la tension monte entre les deux sœurs, le drame couve.
L’auteure décrit ici avec une certaine justesse les mécanismes de la violence et de la manipulation au sein du couple, la manière dont les choses s’installent et durent. Elle analyse les réactions de chacun, faites de déni, de révolte, de soumission, de culpabilité, de honte.
Elle s’appuie par ailleurs sur la relation des deux sœurs, dont le passé cache un secret et qui, de fusionnelles qu’elles étaient dans l’enfance, se sont peu à peu éloignées, Tanya construisant une vie réussie avec son compagnon et son métier d’avocate, Nessa ayant une vie plus compliquée, moins rangée. On comprend vite que la sœur aînée, Nessa, se sent coupable de quelque chose vis-à-vis de sa petite sœur. Et cette culpabilité éclairera aussi bien leurs relations que leurs réactions lorsqu’elles découvriront ce que subit leur mère.
» Tanya tremble. Elle le hait : à cause de lui elle est terrifiée, à cause de lui elles doivent fuir la maison où elle a grandi. Elle n’arrive pas à croire qu’elle s’est réveillée ici tous les matins de son enfance, sous ce toit où elle est à présent en train de tenter de raisonner un homme ivre qui a pris leur place, à Nessa et à elle, qui se dresse dans le salon comme s’il était le propriétaire des lieux.”
Plusieurs petits bémols toutefois. En premier lieu, le démarrage m’a paru un peu long. J’ai eu le sentiment de tourner en rond pendant une bonne partie du roman, comme si l’auteure ne parvenait pas à entrer dans le vif du sujet. Une fois que le récit démarre vraiment, l’ensemble est toutefois plutôt prenant, illustrant parfaitement la difficulté de se sortir d’une situation difficile et la complexité pour les proches de gérer ses propres contradictions.
En second lieu, je me suis quand même interrogée sur le fait que les deux filles ayant vécu une grande partie de leur enfance et de leur adolescence avec leur mère et son compagnon semblent découvrir ce qui se passe au sein du couple qu’à l’occasion de ce retour dans la maison familiale. Peut-être y a-t-il là un certain manque de crédibilité dans l’histoire.
Enfin, la construction du récit, constitué en grande partie de dialogues, si elle rend le texte facile et rapide à lire retire une grande partie de la profondeur psychologique du livre.
A lire pour les trois portraits de femmes qui restent tout de même intéressants.
Notre part d’ombre d’Hanna Halperin | Traduction d’Alice Delarbre (Editions Buchet-Chastel – janvier 2023)
Je ne te sens pas pleinement convaincue.
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