
Le roman s’ouvre sur le survol en hélicoptère d’une île en flamme par un enquêteur d’assurance et un paparazzi, lancés sur les traces d’Olivier Ravanec, un écrivain disparu.
Malgré des débuts prometteurs, l’écrivain n’a pas eu le succès qu’il escomptait. Il hante le monde de l’édition et de nuit et c’est là qu’il rencontre Dominique Brenner, éditrice à l’intelligence aiguë et Vincent Zaid, homme d’affaires retord. Le trio est en place.
Plus que l’intrigue, c’est surtout le style et le caractère des trois personnages qui sont intéressants et qui donne la saveur au récit. Pour ma part, j’ai véritablement eu une révélation avec l’écriture de cet auteur que je ne connaissais pas du tout.
Ce roman est une plongée au cœur du monde littéraire parisien qui prend sa source dans les années 80 et nous mène jusqu’à aujourd’hui. Il nous décrit un monde désenchanté et des personnages qui perdent peu à peu leurs illusions à mesure que leur monde change et les laisse à la traîne.
« Vais te dire : le pire défaut de ce genre d’auteur, c’est son absence inimaginable d’imagination. Comment romancer sans imagination ? ! Lui, il pourrait écrire cent ans que les idées ne viendraient pas. Des dizaines de muses miauleraient au bout de son lit que son esprit demeurerait impuissant. C’est terrible, l’imagination. On ne saurait la mettre dans une tête comme les plumes dans l’oreiller. »
Le récit est habité par un humour grinçant et ne se laisse pas apprivoiser facilement car il regorge de digressions et de références plus ou moins cachées qui nécessitent d’avoir une certaine connaissance des événements ou des personnalités qu’il évoque. J’avoue d’ailleurs ne pas forcément avoir tout saisi mais cela ne nuit pas à la compréhension de l’ensemble.
La formule fait mouche, la construction du récit déstabilise parfois et le tout donne l’impression d’évoluer au cœur d’un véritable exercice de style. Mais un exercice maîtrisé avec brio qui n’égare pas le lecteur et le mène au contraire au travers des trente cinq ans que dure le récit mêlant les histoires personnelles des personnages et l’évolution du monde littéraire. J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à la découverte de ce livre malgré, ou à cause de, son pessimisme caustique.
L’île introuvable – Jean Le Gall (Editions Robert Laffont – août 2019)
Un pessimiste caustique ? TU m’intrigues.
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