Le rouge n’est plus une couleur de Rosie Price

Lorsque Kate et Max se rencontrent à l’université ils éprouvent un véritable coup de foudre amical. Ils ne se quitteront plus, devenant quasiment fusionnels et partageant tout. Kate admire la famille bourgeoise de Max qui lui réserve d’ailleurs un accueil plus que chaleureux. Mais lors d’une soirée, Lewis, le propre cousin de Max viole Kate. Tétanisée, celle-ci garde le secret. Mais peu à peu ce drame va bouleverser la vie de Kate et sa relation avec Max ainsi que l’équilibre de la famille du jeune homme. Après quelques semaines de silence Kate commence à parler de ce qui lui est arrivé, d’abord à Zara la mère de Max, puis à Max lui-même mais sans jamais incriminer Lewis.

Cette lecture me laisse une impression mitigée. J’ai trouvé le récit inégal comme si tous les chapitres n’avaient pas inspiré l’auteure de la même manière.

Si la plupart des personnages sont bien campés j’ai éprouvé une réelle difficulté à trouver une alchimie entre toutes leurs histoires. La scène clé du viol tombe d’ailleurs comme un cheveu sur la soupe au milieu de l’histoire familiale de Max, donnant l’impression qu’elle aurait pu se situer là ou ailleurs dans le texte mais qu’il fallait se débarrasser de cette scène supposée être un élément déclencheur de la narration.

L’ensemble paraît assez décousu entre les histoires d’héritage et de liens familiaux du côté de Max et les conséquences du viol pour Kate.

« Dans sa chambre à coucher, elle fut submergée, non par le sentiment de perte ou la nostalgie éprouvés l’année précédente, mais par la torpeur. Il n’y avait rien de nouveau à ressentir ici pour elle, seule la vieille tristesse dont elle ne se déferait jamais. »

Par ailleurs de nombreux détails m’ont perturbée comme un usage abusif de phrases vulgaires et sans intérêt qui paraissent totalement déplacées dans un récit globalement neutre (j’ai envie de pisser ; elle alla couler un bronze) et des formulations bizarres qui ne semblent pas être appropriées dans le contexte où elles sont utilisées (l’expression « sans coup férir » par exemple).

Toutefois, certaines pages qui concernent Kate, ses difficultés à gérer le traumatisme lié au viol, ses interrogations, ses remises en question, ses failles psychologiques, ses tendances morbides à l’autodestruction sont finement décrites et sonnent justes. Ce qui rachète un peu l’ensemble du roman.

Le rouge n’est plus une couleur – Rosie Price (Editions Grasset – mars 2020)

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