Des filles brillante de Mary McCarthy 

Elles sont huit. Huit jeunes filles, jeunes diplômées, promotion 1933. La vie s’ouvre devant elles et l’horizon semble sans limite. Le groupe se compose de Kay, dont le mariage ouvre le récit, Helena, Dottie, Libby, Polly, Priss, Mary et Elinor. Le lecteur va suivre ce petit groupe, ses aventures amoureuses et amicales, les maternités, les deuils, les séparations, les joies et les espoirs durant une petite décennie.  

On ne se lassera jamais de dire à quel point la collection Vintage des Editions Belfond est une mine de trouvailles. Ce roman paru en 1963 est culte aux Etats-Unis et a été adapté en 1966 par Sidney Lumet. Et c’est donc une très riche idée que de l’avoir réédité.  

Mary McCarthy a l’art et la manière de dresser le portrait de chacune de ces héroïnes et de nous les rendre attachantes, émouvantes, passionnantes et parfois, on osera le dire, agaçantes.  

Si ce livre a été écrit en 1963 et parle d’une jeunesse qui se déroule dans les années 1933 aux Etats-Unis, il possède malgré tout de forts accents de modernité tant par le style et la langue utilisée (un effet de la traduction ?) que par les sujets qu’il aborde.  

« Ce qui était terrible avec Kay, c’est qu’elle avait toujours raison, ou du moins qu’elle avait toujours l’air d’avoir raison, sans doute parce qu’elle s’exprimait dans ton péremptoire et désintéressé, sans tenir le moindre compte des sentiments intimes des personnes auxquelles elle s’adressait.. Du moment où Dottie entendit – ou cru entendre – la voix de Kay, sa confiance l’abandonna. Elle se vit telle que son amie se la figurait : une vieille fille de Boston dont le cordon ombilical demeurait attaché à sa mère. »           

Et Mary McCarthy n’a pas de fausses pudeurs ! Elle appelle un chat, un chat. On en apprendra ainsi beaucoup sur les moyens de contraception à disposition des femmes de l’époque et sur la manière de poser un pessaire ! Mais ce n’est pas graveleux ni glauque, bien au contraire. L’auteure enrobe le tout d’une certaine dose d’humour et nous montre ainsi les préoccupations des jeunes filles de cette époque à la fois éprises de liberté et encore contraintes par une société patriarcale intransigeante à laquelle elles doivent se conformer sous peine d’être jugées.  

Mary McCarthy s’attache ainsi à nous décrire les vies de ces jeunes filles en quête d’émancipation mais aussi éprises de romantisme, en équilibre entre indépendance et vie rangée avec mari et enfants.  

On pourra trouver que les personnages sont peut-être un peu trop simplifiés voire caricaturaux par certains aspects, comme s’il avait fallu remplir les grilles d’un casting, avoir huit personnalités bien distinctes et représentant chacune un trait de caractère bien précis. Cela manque sans doute légèrement de nuances.  

A cette réserve près, le roman se lit avec délices et on quitte à regret ce petit groupe de filles. Un livre qui gagne à être (re)découvert.  

Des filles brillante – Mary McCarthy / Traduction Antoine Gentien et Jean-René Fenwick (Editions Belfond – mai 2022) 

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4 commentaires sur “Des filles brillante de Mary McCarthy 

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