
Alors que l’Exposition Universelle de 1900 s’apprête à ouvrir ses portes, Aileen Bowman, journaliste américaine arrive à Paris pour couvrir l’événement pour le New York Tribune. Aileen est une jeune femme de trente-cinq ans, célibataire, farouchement éprise de liberté et qui revendique son droit à avoir des amants et à porter des pantalons !
Ainsi résumé, ce récit était prometteur. Une héroïne au caractère bien trempé, un Paris du début du XXème siècle à découvrir et une couverture attirante.
Mais au final le lecteur reste sur sa faim. Très vite le personnage d’Aileen devient caricatural, enchaînant les aventures amoureuses comme si sa liberté ne passait que par cette possibilité qu’elle se donne de choisir ses amants et amantes.
J’espérais ainsi beaucoup du fait que la jeune femme est journaliste. A son arrivée à Paris, elle est ainsi accueillie par Marguerite Durand, fondatrice du journal féministe La Fronde. Elle y rencontre Séverine, elle-même journaliste et symbole d’un féminisme engagé. Mais l’auteur ne semble pas avoir trop su quoi faire de cette rencontre et comment en explorer les ressorts romanesques possibles.
“Aileen avait été accueillie à la table des hommes d’affaires comme une putain à un repas de famille, tolérée parce qu’elle était journaliste. Le premier dîner, dans le grand salon du luxueux Touraine, avait suffi à la convaincre qu’elle naviguait à bord d’une ménagerie, transportant les animaux et les clowns d’un cirque dont les vrais artistes étaient à bord d’un autre navire.”
Il y a bien quelques pages et considérations intéressantes sur la place des femmes dans la société patriarcale de cette époque mais rien de bien nouveau et rien qu’on n’ait pas déjà lu ici ou là par ailleurs. Ainsi de cette improbable « permission de travestissement” à demander à la préfecture pour pouvoir porter un pantalon lorsqu’on est une femme, mais que nous connaissions déjà grâce, notamment, aux biographies consacrées à George Sand !
Par ailleurs, l’histoire familiale d’Aileen lancée sur les traces d’un cousin aux origines indiennes qui se produit dans le Pawnee Bill’s Show présent pour l’Exposition Universelle, ne captive pas l’attention même si elle donne l’occasion d’une ouverture sur l’histoire américaine malheureusement mal exploitée.
Rien de nouveau donc et des sujets, qui s’ils avaient un potentiel évident, ne sont que survolés. Peut-être l’auteur a-t-il voulu aborder trop de thématiques qui prises une par une auraient pu être largement développées. Ou peut-être s’est-il trop contraint et aurait-il fallu un livre qui aurait compté plus de 300 pages.
Il manque ici un souffle et une analyse plus profonde et mieux construite pour faire de ce récit un roman réussi.
La toile du monde – Antonin Varenne (Editions Le Livre de Poche – septembre 2020)
J’aime beaucoup l’auteur, mais ce roman-là ne me tentait pas. Tu confirmes.
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