Léonard de Vinci de Serge Bramly

Ce livre dense et ardu ne se laisse pas facilement apprivoiser. Il s’agit de ce genre de livre qui comporte autant de pages de notes de bas de pages que de texte. Jusqu’à 110 notes documentées pour un chapitre !

Léonard est un personnage éminemment romanesque et entouré de légendes et de mystères que Serge Bramly nous propose de parcourir pour mieux les comprendre ou les combattre.

Malgré l’évidente érudition du récit, ce livre se lit avec plaisir. Le style est accessible, et il ne faut vraiment pas se laisser rebuter par le nombre de pages ou tous les détails donnés.

« Pour Léonard, encore une fois, la peinture doit toucher au cœur le spectateur, le remuer, lui donner à réfléchir – l’édifier. Il hait la guerre ; il aimerait avec sa fresque communiquer aux hommes l’horreur qu’elle lui inspire. Entre ce sentiment et ses aspirations d’ingénieur militaire, il existe une contradiction dont on ne peut que s’étonner. »

Au contraire, tout concourt à nous rendre Léonard plus proche, à le sortir de la légende pour en faire un homme bien présent dans son époque. De Florence à Milan, puis Rome et bien sûr la France, Serge Bramly retrace minutieusement la vie de cet incroyable génie et nous fait partager la vie et l’histoire de l’Italie des XV et XVIèmes siècles.

Toute l’œuvre de de Vinci est évidemment passée au crible, mais on y apprend aussi beaucoup de choses sur tout ce qui le passionnait : mathématique, mécanique, art, anatomie, architecture… et sur des éléments moins connus de sa vie personnelle comme son rapport complexe avec son père.

« Léonard, pourrait-on dire, s’efforce de condenser en d’obscurs espaces intérieurs la lumière mystérieuse de la vie, tandis que Michel-Ange déploie dans l’immensité de l’enfer et des cieux la grandeur tragique de l’existence ; le premier, dont la préférence va à la peinture, recherche la profondeur, là où l’autre, sculpteur par essence, agence de grands jeux de masse ; mais la dissemblance ne s’arrête pas aux portes de l’art. »

Une somme passionnante, qui gagne certainement à être lue dans sa version papier.

« Il faut voir aussi quels artistes, en ce début du XVIe siècle, se rencontrent dans les rues de la cité du Lys : en plus de Léonard et Michel-Ange, en 1505, on peut y croiser, entre autres, Botticelli, le Pérugin, Filippino Lippi, Lorenzo di Credi, Piero di Cosimo, Andréa del Sarto, Baccio della Porta, les deux Sangallo, le Cronaca, et un garçon d’une vingtaine d’années, natif d’Urbino, que le style de Léonard impressionne d’emblée si fortement qu’il va s’efforcer, selon Vasari, d’oublier tout ce qu’il a appris jusqu’alors pour tenter de l’imiter – je veux parler de Raphaël, ancien élève du Pérugin. Les exemples sont rares d’un tel foisonnement de génies, dans un périmètre si restreint. »

Léonard de Vinci – Serge Bramly (Editions JC Lattès – avril 2019) – Lecture faite avec NetGalley

Publicité

4 commentaires sur “Léonard de Vinci de Serge Bramly

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s