L’Oiseau Moqueur de Walter Tevis

New-York, XXVème siècle. Les hommes ont peu à peu abandonné le pouvoir aux robots. L’individualisme est devenu la norme. Plus de cellule familiale, d’ailleurs il n’y a plus d’enfants qui naissent, les humains vivent seuls et les échanges sont proscrits. Au milieu de cette ville déshumanisée, dont tous les habitants sont abreuvés de tranquillisants, Paul Bentley organise une forme de résistance solitaire. Alors que tous les livres ont disparu de la circulation, Paul se met en tête d’apprendre à lire, une activité totalement interdite. Il croisera la route de Marie Lou, une autre humaine en pleine rébellion avec qui il va vivre et à qui il va apprendre à lire, deux choses absolument prohibées. Mais dans un monde sous surveillance constante, impossible de passer à travers les mailles du filet, surtout quand un robot de Classe 9, Spofforth, veille à ce que tout soit sous contrôle.

Ce roman écrit dans les années 1980 méritait bien sa réédition et une nouvelle jeunesse. C’est chose faite grâce aux éditions Gallmeister et à la traduction de Michel Lederer.

“Ce sont tous ces livres, même les plus ennuyeux et les plus hermétiques, qui m’ont aidé à comprendre ce que cela signifiait d’être un être humain. Et j’ai aussi appris, à travers le sentiment de sidération que j’éprouve parfois quand j’ai l’impression d’entrer en contact avec l’esprit d’une personne morte depuis longtemps, que je n’étais pas seul sur cette terre. D’autres ont ressenti ce que je ressens, ceux qui, à certaines époques, ont réussi à dire l’indicible.”

Alors que Paul et Marie Lou sortent de leur torpeur et découvrent petit à petit ce qu’est devenu le monde gouverné par des robots et l’humanité en voie d’extinction, le récit s’attache aussi au personnage de Spofforth, un robot programmé pour vivre éternellement, ou plutôt tant qu’il reste des humains sur terre. Ce robot dévoile de réels sentiments, venus du cerveau humain qui a été copié pour lui être implanté. Mais ces souvenirs ne le rendent pas heureux, bien au contraire.

Il se dégage de ce récit une profonde mélancolie et un certain désenchantement même si les personnages de Paul et de Marie Lou sont combatifs, et prêts à beaucoup pour sauver l’humanité, la transmission des souvenirs pour faire survivre le passé et l’histoire et la lecture, source de connaissance. Leur histoire permet de croire à un avenir meilleur.

Evidemment, le sujet de la disparition des livres pour des lecteurs invétérés est très attirant et ajoute à l’intérêt pour le récit. Mais les nombreux rebondissements du roman participent tout autant à cet intérêt renouvelé au fil des pages. Ainsi que l’alternance des récits entre les trois personnages.

Un auteur qui mérite décidément qu’on le (re)lise attentivement.

L’Oiseau Moqueur – Walter Tevis / Traduction de Michel Lederer (Editions Gallmeister – janvier 2021)

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