
Aimee est une jeune fille réservée et solitaire, étudiante à l’université d’UCSM en Californie. A la faveur d’un talk-show télévisé elle découvre Sam, un chimpanzé auquel le professeur Guy Shermerhorn a entrepris d’apprendre à s’exprimer en langage des signes. Il se trouve que le professeur, enseignant dans l’université d’Aimee, est à la recherche d’étudiants pour l’assister dans ses travaux et servir de « monkey-sitter » à Sam. C’est Aimee qui va décrocher le poste. Mais une autre étude s’apprête à démontrer que seuls les humains peuvent apprendre la langue des signes et l’expérience avec Sam est brutalement interrompue. Le chimpanzé est alors transporté en Iowa et enfermé en cage avec d’autres de ces congénères. Aimee, qui s’est attachée à l’animal, n’aura de cesse de rendre sa liberté au jeune singe. Et elle est vraiment prête à tout…
Voilà un roman riche qui oscille habilement entre tragédie et comédie pour nous amener à une réflexion profonde sur la relation entre humains et animaux. Si Sam semble indéniablement posséder une intelligence peu commune, il reste malgré tout un animal avec un certain nombre d’instincts qui le rendent parfois incontrôlable.
« Il était tellement humain, mais en même temps il ne l’était pas, comme si sa mission en ce monde était d’ébranler l’espèce humaine. Toute sa vie, elle s’était retrouvée à reculer mentalement aux moments les plus surprenants, elle voyait les gens dans un éclair comme de gros animaux déguisés, les vieux, surtout, avec leurs oreilles allongées, leurs narines grêlées et leur peau fripée comme celle d’un lézard. Or voici que la réalité venait à elle. »
T.C. Boyle raconte l’histoire à travers les yeux d’Aimee et de Guy mais aussi, et cela procure le côté très original du récit, à hauteur de chimpanzé. Il exprime les sentiments à la fois basiques et forts ressentis par Sam comme la peur, la douleur, le froid alors qu’il se retrouve enfermé en cage, quelque chose qu’il n’a jamais expérimenté puisqu’il a toujours été libre de ses mouvements lorsqu’il était avec Guy et Aimee.
Le récit interroge à la fois sur une anthropomorphisation exagérée et sur le pouvoir qu’exerce l’être humain sur les animaux. Et c’est le subtil équilibre entre ces deux aspects qui fait tout l’intérêt du livre. En plus de l’écriture très particulière de l’auteur, percutante et mordante. Une première rencontre avec T.C. Boyle très réussie !
Parle-moi – T.C. Boyle | Traduction de Bernard Turle (Editions Grasset – février 2023)
Dans ma PAL. Je lirai cette chronique plus tard.
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