
Il aura fallu la ténacité d’un homme, John Maloof, qui trouva par hasard ses photos au fond d’un garde-meuble, pour rendre toute sa place à Vivian Maier. Partant de cette découverte fondamentale, Gaëlle Josse nous raconte dans ce livre à la fois frustrant et magnifique la vie de l’une des plus grandes photographes, injustement méconnue et qui ne profita pas de l’engouement provoqué par son œuvre, survenu après sa mort.
Vivian est fille du rêve américain du début du XXème siècle, petite-fille et fille d’immigrés européens. Sa mère est française, son père est hongrois. Un rêve qui virera au cauchemar pour la famille, contraignant la mère de Vivian à un retour peu glorieux en France, abandonnant son fils aîné, Charles, au passage. Avant de revenir aux États-Unis, avec Vivian toujours dans ses bagages.
De cette enfance chaotique, Vivian Maier a certainement tiré son besoin de mettre en lumière des anonymes et les plus démunis dans ses portraits photographiques.
Gaëlle Josse nous dresse un portrait tout en délicatesse d’une femme discrète mais habitée par son art et son besoin de poser son regard plein d’empathie sur les perdants de l’Amérique comme un écho à son histoire familiale.
« Chez Vivian Maier, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Des femmes épuisées et des hommes à terre. Et aucune tendre nostalgie à la Doisneau, avec ses gamins rêveurs sur les bancs d’école. Nous sommes dans un réel saisi de face, de front, sans embellissement aucun. »
Ce livre n’est pas à proprement parler une biographie car Vivian la secrète n’a laissé que peu d’indices ou de traces. Gaëlle Josse n’invente pas non plus ce qu’elle ne sait pas, ne romance pas cette vie dédiée à la photographie. A peine connaît-on quelques détails sur ses parents, ses grands-mères et son frère. Quelques informations sur les familles dans lesquels elle exercera le métier de nurse et ses voyages. D’où le côté légèrement frustrant de ce livre dans lequel on reste en surface alors que j’aurais tant aimé entrer dans le détail de la vie et du travail de Vivian Maier. Et notamment comprendre pourquoi elle n’a pas tenté de montrer ses photos à quelqu’un.
« Le plus novice, le moins connaisseur des regards ne peut qu’être saisi par la densité, la force, l’unité de l’ensemble. Par cet œil posé sur la vie, sur toutes ces histoires qui se dévoilent en un cliché, histoires urbaines, dans le mouvement, dans la matière compacte de la ville. Le terrible, le tendre, le drôle, l’insolite. Le vrai. Le presque rien qui révèle un destin. »
Mais ce qui se raconte ici, et plus encore ce qui est tu, dessine le portrait touchant d’une femme entièrement habitée par son art.
C’est aussi l’histoire d’une femme libre et déterminée mais qui semble terriblement seule jusqu’à la fin de sa vie. Un portrait flou qui incite à en chercher plus pour mieux comprendre l’œuvre à travers la femme, et inversement.
Une femme en contre-jour – Gaëlle Josse (Editions Noir sur blanc – mars 2019)
J’ai adoré ce livre ! https://topobiblioteca.wordpress.com/2019/07/24/une-femme-en-contre-jour-de-gaelle-josse/
Une femme tout en ambiguité, à la fois touchante et parfois méchante, j’ai beaucoup aimé la façon dont à été rédigé ce texte !
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J’ai surtout envie d’en savoir encore plus sur Vivian maintenant et de mieux connaître ses photos
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Je suis allée également voir sur Internet ses photos et c’est ce que je reproche au livre, de ne pas mettre d’iconographie dans ses pages.
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Oui, c’est vrai que c’est dommage
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Et c’est d’ailleurs ce que je reproche à bons nombres de livres traitant de l’art, autant essai artistique que biographies ou romans : il n’y a jamais de photos et c’est dommage car il faut bien souvent avoir internet sous la main.
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Il est possible que ce soit aussi une question de coût de fabrication et de vente. Mais c’est vrai que c’est souvent frustrant.
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Moyennement aimé hélas… J’ai trouvé que Gaëlle Josse restait en surface et compensait ses lacunes par un style assez télégraphique qui m’a déçue. J’ai eu du mal à m’intéresser à Vivian Maier, je la trouve beaucoup plus vibrante à travers les photos qu’elle a laissées alors que le texte ne lui donne aucune aspérité…
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Pour moi c’est une bonne introduction mais cela m’a donné envie de chercher des biographies plus fouillées et de découvrir l’œuvre photographique de Vivian Maier
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Je pense que l’on connait très peu de chose sur Vivian Maier et qu’elle restera toujours une énigme. Le grand mérite de ce roman est de la faire connaitre et de nous inciter à aller voir ses photographies.
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Exactement, c’est un point de départ qui permet aussi de donner un éclairage sur les sujets qu’elle a choisi de traiter
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J’ai aimé mais ayant lu tout de Gaëlle Josse pour moi pas le meilleur. Je l’ai préféré dans ses précédents romans et en plus j’avais vu juste avant ma lecture un documentaire sur Vivian Maier donc le voile était déjà levé….. 🙂
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Je ne connais pas les autres livres de Gaëlle Josse. Si tu en as à me conseiller, je suis preneuse car j’aime beaucoup sa plume.
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Je te recommande Le dernier Gardien d’Ellis Island, la Longue impatience et les Heures silencieuses, mes trois préférés, trois courts romans mais quelle écriture 🙂
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Merci ! Je note
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