
Ayumu est un jeune adolescent de 14 ans. Habitué à changer d’école au gré des affectations de son père, l’intégration dans un nouvel environnement ne lui pose pas de soucis et il est plutôt bon élève, apprécié de ses professeurs comme de ses camarades. Après quelques temps passés à Tokyo, le voici une nouvelle fois dans une école qu’il ne connaît pas, dans un lycée de province. Il est aussitôt accepté au sein d’un groupe de garçons qui semble déjà avoir une certaine hiérarchie, le jeune Akira étant apparemment le meneur. Comme tous les adolescents, ils sont en quête de nouvelles expériences et la relation entre les membres du groupe sont régis par des rapports de force et un certain déséquilibre entre les capacités des uns et des autres. Très vite Ayumu se rend compte par exemple que Minoru a endossé le rôle de souffre-douleur. Mais si certaines actions sont plutôt des taquineries, Ayumu s’aperçoit que progressivement elles gagnent de plus en plus violence, jusqu’au basculement final le jour de la fête des Morts.
Ce roman m’a intéressée sur deux aspects. D’une part sur ce que cela raconte sur la culture japonaise et notamment sur les adolescents japonais. D’autre part sur la thématique plus universelle de la violence et de la maltraitance au sein d’un groupe. A travers le regard d’Ayumu, de ses questionnements, de son incapacité à s’opposer à la violence latente, Hiroki Takahash interroge sur les notions de courage, de domination, sur la complexité des relations dans un groupe défini.
« Après la cérémonie de début de trimestre, au cours de la réunion de classe, Ayumu se mit debout devant tout le monde. Le professeur principal, nommé Muroya, écrivit son nom et son prénom sur le tableau noir et expédia sa présentation en quelques mots. Un nouveau étant chose rare dans la région, tous regardaient Ayumu avec des yeux pleins de curiosité. »
En contrepoint, l’auteur nous raconte une nature qui se moque des atermoiements des humains et qui poursuit inlassablement la succession des saisons, apportant une sorte d’apaisement entre deux scène de confrontation.
C’est un roman court et dense qui met magistralement en valeur le malaise qu’on peut ressentir face à une situation qui nous échappe ou même la honte qu’on peut éprouver à ne pas réussir à agir alors même qu’on sait qu’il faudrait le faire. C’est d’autant plus frappant qu’il s’agit ici d’adolescents, qui n’ont pas encore toutes les clés même s’ils sentent confusément que la situation n’est pas conforme à ce qu’elle devrait être.
Okuribi : Renvoyer les morts – Hiroki Takahash (Éditions Belfond – octobre 2020)
Belle chronique. Je l’ai terminé hier et ne sais pas ce que je vais en dire. La fin est tout de même un peu déroutante alors que tout est très beau.
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C’est vrai que je m’attendais à quelque chose d’assez dramatique mais pas forcément à cette fin
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Et pourtant, ce n’est pas un roman pour ado.
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