
Dans les années trente en Europe centrale, les jumeaux Sylvin et Maria Rubinstein exercent leur talent de danseurs de flamenco dans toutes les plus grandes capitales. Jusqu’à ce que la guerre vienne tout bousculer. Maria disparaît et Sylvin s’engage alors dans la Résistance. 2017 à Hambourg, Lukas, jeune homme en quête d’identité part sur les traces de Sylvin et de Maria. Sa route croise alors celle d’Iva et ils entament un véritable périple qui les conduit à travers l’Europe. Formant à leur tour un couple de danseurs en totale harmonie, les deux jeunes gens seront aussi les victimes de l’intolérance et de la violence.
Dans ce roman, Marie Charrel met en parallèle les destins de ces deux couples dont le lien se fait à travers la danse. En alternant les deux histoires et en les faisant se répondre en écho, elle emmène tour à tour son lecteur dans une Europe meurtrie par la guerre et dans une société contemporaine qui n’accepte pas toutes les différences. Elle rend ainsi un bel hommage à Sylvin Rubinstein et aborde des sujets difficiles tels que l’exode, le racisme, l’intolérance, les persécutions, la quête de sa propre personnalité.
« C’est une drôle de chose, le corps. Une enveloppe, qu’on idolâtre ou qu’on ravage, dans l’espoir que la vie y palpite un peu plus fort, ou seulement pour la beauté du geste. Un carcan dont on aspire à jaillir afin de devenir une émotion pure, libre comme le vent, sans attache. Qui n’a jamais rêvé d’être un oiseau ? »
Si les personnages sont indéniablement attachants et leurs histoires intéressantes, le style de Marie Charrel est parfois un peu trop affecté et manque de sobriété. Cela nuit quelque peu à l’histoire en mettant un filtre entre le lecteur et l’émotion qui pourrait naître des situations que vivent les personnages. L’auteure donne l’impression de chercher à toute force à intégrer de la poésie dans le texte, sans doute parce qu’elle parle de danse et d’artistes, ainsi qu’à utiliser des mots très recherchés. On comptera ainsi plusieurs fois les mots de « belluaires » et de « turgides » (parfois même associés !) ainsi que de multiples tournures de phrase d’un style soutenu qui tiennent le lecteur un peu à distance et l’empêche d’éprouver toute la palette des sentiments qui seraient attendus dans ce récit.
Toutefois, le fait de redonner sa place de Résistant à Sylvin Rubinstein est déjà en soi à saluer et le travail réalisé autour de sa personnalité suffit à faire de ce livre un récit à découvrir.
Les danseurs de l’aube – Marie Charrel (Les éditions de l’Observatoire – janvier 2021)
Tes remarques sur le style « recherché » ne m’ont pas gênés (je n’avais d’ailleurs pas remarqué) mais j’ai beaucoup aimé les deux époques et surtout le personnage de Sylvin Rubinstein et après ma lecture j’ai cherché à en savoir plus sur lui. 🙂
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Et tu as trouvé des choses à son sujet ? Car j’avoue que son histoire m’intéresse s’il existe une biographie par exemple
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Oui en tapant son nom sur internet 🙂
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Je pensais que tu avais peut-être trouvé d’autres ouvrages le concernant que tu aurais pu me conseiller 😉 mais j’ai l’impression que peu (voire pas) de livres lui ont été consacrés
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non quelques articles et videos uniquement 🙂
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Ce que tu dis du style me fait hésiter.
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Je comprends !
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Sujet très intéressant mais les réserves que tu émets sur la forme trop complexe me font hésiter. En tout cas, tu signes une belle chronique🙂
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C’est effectivement le style qui m’a perdue. Mais l’histoire de Sylvin Rubinstein que je ne connaissais pas du tout est à la fois passionnante et très émouvante
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