Quatrième et dernière lecture réalisée dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire de Lecteurs.com au mois d’août. J’ai été totalement enthousiasmée par l’univers de cet auteur né en République Dominicaine du Congo et installé en Belgique
In Koli Jean Bofane nous fait entrer de plain-pied dans l’histoire de ce roman avec l’annonce, dès les premières lignes, de la mort d’Ichrak.
On comprend très vite que la belle jeune femme a fait tourner bien des têtes au sein du quartier de Casablanca où elle vivait. Et chacun des protagonistes dont elle a croisé la route devient potentiellement un suspect. Y compris le jeune congolais, Sese avec qui elle a mis sur pied un « business » sensé leur rapporter de l’argent.
Je me suis très vite sentie embarquée dans cette intrigue et par la plume de l’auteur, que je découvrais avec ce roman.
In Koli Jean Bofane manie habilement l’humour féroce mais pose aussi des mots très lucides sur les travers de cette société moderne où les trafics, les arrangements, la corruption, la précarité et la violence sont omniprésents.
Étrangement, la première partie de ce roman m’a rappelé le livre de Jean-Christophe Rufin, Le Suspendu de Conakry, notamment dans la façon de détailler les personnages et de mettre des touches d’humour tout au long du récit. Je pensais d’ailleurs que le livre nous amènerait à suivre le commissaire Daoudi dans son enquête pour résoudre le meurtre. Toutefois, on s’aperçoit vite que la mort d’Ichkar est surtout un point de départ pour raconter la vie de ce quartier de Casablanca où s’entrecroisent les vies des différents personnages, galerie de portraits savoureux et la recherche du meurtrier devient presque accessoire.
La seconde partie prend d’ailleurs un tour plus grave au fur et à mesure que se dessinent le portrait, le parcours et la vie d’Ichrak mais aussi de sa mère, Zahira.
J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur nous amène à aimer ses personnages et à s’intéresser à leurs difficultés, sans doute parce qu’on ressent une certaine tendresse de sa part pour Ichkar et Sese notamment, tendresse qu’il nous fait totalement partager. La jeune femme libre, fougueuse, fière porte en elle la blessure de l’absence d’un père et le fait que sa mère ne veuille pas lui parler de ses origines. Elle devient presque naturellement amie avec Sese, clandestin, arrivé au Maroc à cause d’un passeur escroc et adepte du système D pour s’en sortir. Ces deux personnages sont véritablement attachants.
Un autre point très positif est que ce livre m’a permis de connaître de nombreux détails de l’histoire du Congo, pays dont est originaire Sese.
Au final, une très jolie découverte en ce qui me concerne et un livre qui contient tout ce que j’aime dans un roman : des personnages attachants, une intrigue qui, sous couvert d’enquête criminelle, nous amène à une réflexion plus large, beaucoup d’humour mais aussi d’empathie pour les personnages et une écriture très fluide qui fait que le livre se lit d’une traite.
La Belle de Casa – In Koli Jean Bofane (Actes Sud – août 2018)
Un grand merci à Lecteurs.com et aux Actes Sud pour cette lecture de la rentrée littéraire en avant-première
Elles en parlent : Domi C lire
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