M. est un auteur à succès, marié à une belle et jeune femme, avec qui il a une grande différence d’âge. Son voisin du dessous, Herman, a pris l’habitude d’écrire des lettres à cet écrivain renommé. Des missives qu’il n’envoie pas mais dans lesquelles il raconte la vision qu’il a de ce couple et surtout l’œil acerbe qu’il jette sur l’œuvre de M. Car Herman sait que le livre qui a fait le succès de M. est basé sur un mensonge. Lui sait parfaitement ce qui s’est réellement passé puisqu’il est l’un des protagonistes de l’événement qui a eu lieu il y a plusieurs années. Jusqu’où Herman va-t-il aller pour rétablir sa vérité ?
Ce roman diaboliquement efficace est construit tel une poupée gigogne et entremêle les destins de trois personnages à travers deux époques. Au fil des pages, l’auteur revient ainsi sur la jeunesse d’Herman, sur sa personnalité un peu à part, sur sa relation avec Laura et sur la mystérieuse disparition d’un professeur d’histoire qui fut, un temps, l’amant de Laura.
« Nous ne devons pas vouloir parvenir à faire lire qui que ce soit, de même que nous ne devons pas vouloir inciter les autres à aller au cinéma, à écouter de la musique, à avoir des rapports sexuels ou à boire de l’alcool. La littérature n’a pas sa place dans l’enseignement secondaire. Elle a plutôt sa place dans la liste que je viens d’énumérer. La liste du sexe et des drogues, de toutes les choses qui nous procurent du plaisir sans contrainte extérieure. Une liste d’ouvrages littéraires obligatoires ! Quelle idée ! »
Petit à petit, les liens entre Herman et le dénommé M. vont apparaître mais le lecteur devra attendre les dernières pages pour comprendre réellement ce qui se joue entre eux. Car le tour de force d’Herman Koch est de réussir à maintenir un vrai suspens que bien malin sera le lecteur à démêler avant le point final.
L’auteur en profite aussi pour étriller le monde littéraire à travers le personnage de M. en perte de vitesse et les relations amères qu’il entretient avec ses pairs et son éditeur. On retrouve ici la pointe d’acidité qui caractérise la plume d’Herman Koch et son humour grinçant si particulier.
Un roman captivant et savoureux et une intrigue bien ficelée qui conserve son mystère jusqu’au bout.
Cher Monsieur M. – Herman Koch | Traduction d’Isabelle Rosselin (Editions 10/18 – juin 2017)
A lire aussi, la chronique de « Le Fossé »
En effet je me souviens de l’ironie et des personnages hautement pathologiques dans « Le dîner ». Je vais lire c roman qui semble courir dans la même veine. Merci de nous le faire découvrir.
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Avec plaisir 😀
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Je m’en étais délectée, bien plus que du Dîner !
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J’avais beaucoup aimé Le diner pour ma part et l’intrigue de celui-ci me fait déjà saliver !
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C’est un auteur que j’apprécie beaucoup
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Rien à voir avec M le maudit 😉
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A part l’initiale, rien à voir en effet 😉
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