Berthe Morisot, le secret de la femme en noir de Dominique Bona

Berthe Morisot fait partie de ces artistes dont l’œuvre me touche. Ce qui fait que j’ai eu envie d’aller au-delà de la peintre pour découvrir la femme. Dans cette formidable biographie très bien documentée, Dominique Bona revient sur la vie d’une artiste accomplie, contemporaine de Edgar Degas, Édouard Manet, Alfred Sisley, Auguste Renoir, Henri Fantin-Latour ou encore Claude Monet. Très impliquée dans le mouvement qui deviendra Impressionniste, Berthe Morisot est une peintre prolixe dont l’œuvre met en scène des moments de vie familiale. Elle est la peintre des joies fugitives, des instants fugaces qu’elle immortalise. Elle fixe les moments simples de la vie et peindra de nombreuses fois sa fille à qui elle voue un amour profond et réciproque. Après avoir suivi les cours de grands paysagistes tels que Corot, Daubigny ou Oudinot dans sa jeunesse, elle se forgera son propre style fait de douceur, de luminosité et d’une grande liberté. La peinture sera pour elle une passion qu’elle mènera avec détermination, un espace vital essentiel mais qui ne l’empêchera pas de vivre sa vie de femme et de mère.   

« Contrairement à la légende qui veut que les artistes aient un passé maudit, de solitude ou de désamour, Berthe n’aura jamais connu que l’excès d’amour. Très tôt plongée dans un univers de douceur et de complicité, elle en devine la force et aussi la rareté. Son drame, elle le porte en elle : une espèce de difficulté à vivre, confrontée à ses propres démons, dans l’exigence, dans la passion. Toute sa vie, dans des couleurs délicates est d’un pinceau léger, elle peindra ce qu’elle a toujours connu : le bonheur familial, l’amour d’une mère, l’innocence candide des jeunes filles – la fragilité d’un monde qui ressemble à un paradis perdu. » 

Dominique Bona revient aussi sur la vie personnelle de Berthe Morisot. La relation privilégiée qu’elle entretient avec sa mère, son plus fidèle soutien. Sa complicité avec ses sœurs et surtout avec Edma. Sa vie de couple avec Eugène Manet (frère de) et son rapport fusionnel avec sa fille, Julie. Sa tendre amitié avec Édouard Manet. L’auteure en profite pour nous raconter la vie de ce mouvement artistique mais aussi celles de chacun de ces hommes, peintres, poètes, écrivains, qui ont fréquenté Berthe et respectaient à la fois la femme et l’artiste.  

Dominique Bona exprime admirablement l’enthousiasme et le dynamisme qui président à la naissance de l’impressionnisme, dont les artistes qui en font partie étaient réprouvés et interdits de Salons officiels à leur époque. Elle décrit l’émulation, les échanges intellectuels, l’aide que s’apportent mutuellement les membres de ce groupe soudé.  

Une biographie passionnante, comme sait en conter Dominique Bona, très complète et qui éclaire à la fois sur un personnage et une époque.  

Berthe Morisot, le secret de la femme en noir – Dominique Bona (Éditions Le Livre de Poche – octobre 2002 / Éditions Grasset – septembre 2000) 

A lire aussi, la chronique de Colette et les siennes de Dominique Bona

14 commentaires sur “Berthe Morisot, le secret de la femme en noir de Dominique Bona

  1. Lu à sa sortie et beaucoup aimé. Dominique Bona est une super conteuse et je n’ai jamais été déçue par ses ouvrages. Mais je pense que c’est celui-ci mon préféré et chaque fois que je vois un tableau de Berthe Morisot je repense à cette belle biographie.

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  2. J’ai découvert Domnique Bona lors d’un dîner-débat dans le cadre du festival « Terre à vins, terre à livres » à Savennières, en 2019. Quelle conteuse ! J’aime ses choix très bien expliqués dans » mes vies secrètes », une autobiographie d’une autrice biographe… Il faut que je découvre sa Berthe Morisot ! Que ce temps des rencontres, des festivals me manque…

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