La nuit des béguines d’Aline Kiner

Aline Kiner dresse le portrait de femmes qui ont fait le choix de devenir béguines. Une communauté créée par Saint-Louis qui regroupe des femmes, veuves ou célibataires, qui cherchent un refuge contre le monde ou simplement un lieu d’accueil. Ni moniales ni laïques, ces femmes sont libres et ne rendent que peu de compte. C’est sans doute cette liberté et cette indépendance qui leur devra de se retrouver condamnées, leur communauté dissoute et leurs traces effacées.

A travers les personnages d’Ysabel, Maheut ou Ade, l’auteure fait revivre cette institution durant la période de 1310 à 1314, moment où tout bascule et où les soutiens disparaissent un à un.

« En comptable attentive des causalités et des contingences, Ysabel sait cela : quelle que soit la petitesse de chacune de nos vies, elles relèvent toutes d’un vaste ensemble, les mouvements et les troubles de l’âme dépendent de ceux du monde, la violence ne s’arrête pas à ceux qu’elle vise, elle rebondit comme un caillou sur l’eau dure et frappe, frappe encore, les peurs collectives s’amplifient des bassesses individuelles, les grandes ambitions se conjuguent aux plus médiocres. »

On sent que cette période de l’histoire passionnait Aline Kiner. C’est à la fois très documenté et très vivant, nous rendant les personnages très proches.

L’intrigue que tisse l’auteur autour de la jeune Maheut et des béguines qui cherchent à la protéger est prenante, j’avoue avoir eu du mal à poser le livre. C’est un roman historique tel que je les aime, qui mêle des d’évènements réels (le règne de Philippe Le Bel, la prépondérance de la religion, les persécutions des Templiers) à des personnages de fiction aux destins exceptionnels et exemplaires. Le tout rédigé dans une langue riche et accessible.

En filigrane, on ne peut que mettre en parallèle l’histoire des femmes, leur place dans la société, les combats qu’elles ont mené et qu’elles mènent encore. En cela, ce roman est extrêmement moderne et parle à chaque lectrice.

La nuit des béguines – Aline Kiner (Editions Liana Lévi – août 2017)

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