Un jour ce sera vide d’Hugo Lindenberg 

Une plage normande, une méduse et une amitié d’enfants qui se noue autour de l’animal. L’un, le narrateur vit avec sa grand-mère qu’il aime et dont il a pourtant honte et avec sa tante « la folle » qui lui répugne mais dont la différence l’attire malgré tout. L’autre, Baptiste, est un enfant heureux et beau dans une famille heureuse et belle. Le narrateur va s’éprendre à la fois de cet ami tombé du ciel et de cette famille si harmonieuse, de cette mère si douce et aimante. La présence de cette famille comble chez lui un manque que l’auteur nous dévoile peu à peu, l’aide à se sentir un peu mieux dans un monde auquel il ne se sent pas adapté. Mais toutes les familles ont des secrets et des dysfonctionnements.  

Quelle force dans ce premier roman ! Quelle puissance d’évocation et de retranscription des sentiments d’un enfant plongé dans la solitude et qui cherche dans le foyer de son ami la normalité et l’amour dont il est dépourvu chez lui. Quelle incroyable façon de raconter les tourments de l’enfance, d’une enfance un peu à part qu’on devine hantée par la perte. Quelle justesse dans la manière de dire les tiraillements de l’enfant entre son amour et sa fidélité à sa grand-mère et sa honte devant son accent, ses manières, ses origines.  

« Alors je ne fais rien d’autre qu’attendre que ma grand-mère se réveille de sa sieste et que reprenne la valse des tâches ménagères qui rythment nos journées. Petit-déjeuner, se laver, s’habiller, déjeuner, dîner, se baigner, se déshabiller, se coucher. Notre vie est une symphonie de robinets qui coulent, de chasses tirées, de bains vidés, de vaisselle lavée, de linge essoré. Et pour se divertir de ce déluge : la mer. Un milliard de milliards de mètres cubes d’apathie liquide devant lesquels s’ébrouent des familles ordinaires. » 

Je n’ai pas pu me détacher avant la dernière page de ce livre d’une intensité incroyable. Chaque page m’a donné envie de la relire pour en saisir tout le sens, les subtilités, les petites touches d’humour dont l’auteur parsème le roman. Cet incroyable chapitre consacré aux fourmis et à l’envie terrible de l’enfant de les anéantir comme s’il était un général qui devait combattre un ennemi me semble concentrer à lui seul toute la quintessence du roman. Il dit la solitude, l’angoisse, la violence, la révolte, l’ennui qui habitent cet enfant qui ne fait pourtant pas de vagues, restant là dans un dénuement total de tendresse. 

Un livre et une plume à découvrir absolument.  

Un jour ce sera vide – Hugo Lindenberg (Christian Bourgois Éditeur – août 2020) 

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