La chambre des dupes de Camille Pascal

La maîtresse du roi Louis XV vient de mourir. A la cour, les jeunes femmes sur les rangs pour lui succéder sont légion mais c’est sur Marie-Anne de la Tournelle, sœur de la défunte, que le souverain a jeté son dévolu. La belle n’hésite pourtant pas à le faire languir, se refusant à lui pour en obtenir encore plus d’avantages. Elle finit pourtant par céder, succédant ainsi à deux de ses sœurs dans le lit du roi et devenant au passage duchesse de Châteauroux.

L’histoire d’amour est donc lancée et la carrière de la duchesse aussi, jusqu’à ce que Louis XV parte en campagne et tombe gravement malade à Metz. La disgrâce semble proche pour la favorite et ses partisans, dont son oncle, le duc de Richelieu qui a largement œuvré pour qu’elle occupe cette place. 

« Assurément, les rois ont des avantages, mais le plus grand en amour et d’être jeune, beau comme Votre Majesté, et surtout d’être aimable. François Ier, Henri IV, Louis XIV se donnèrent la peine de plaire ; cette peine devrait coûter moins à Votre Majesté qu’à personne, mais une maîtresse n’est pas un portefeuille, et si vos ministres vous apportent le leur à chaque Conseil, je doute fort qu’ils puissent mettre Mme de la Tournelle dans vos bras… » 

Ce roman traite d’une période assez courte, entre 1741 et 1744 durant laquelle Marie-Anne connaîtra les plus grandes faveurs ainsi que les plus grandes infortunes. Camille Pascal décrit avec précision et toujours autant d’humour les intrigues de cour, les alliances et les trahisons qui sont le quotidien de Versailles. Il dresse le portrait d’un Louis XV guidé par ses sentiments, prompt à renier ses amours lorsque la mort et l’Eglise frappent à sa porte. C’est en effet une époque où la foi et la peur de la damnation restent fortes et où les hommes d’église exercent un véritable pouvoir sur les âmes, fussent-elles royales.  

« C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il aimait la fréquentation du pouvoir, car, avec lui, ce qui était prévu n’arrivait jamais et l’imprévu, au contraire, était toujours certain. Versailles se réduisait à un immense tapis vert où chacun misait quotidiennement son existence dans l’espoir de tirer un jour la bonne carte. » 

L’auteur nous conduit avec sa verve habituelle à travers les méandres d’une cour où les alliances ont vite fait de se modifier, de se faire et de se défaire et où le favori d’aujourd’hui peut rapidement devenir l’exilé de demain.  

C’est riche et passionnant. L’écriture de Camille Pascal nous plonge totalement dans l’histoire et nous apprend beaucoup de choses sans en avoir l’air.  

La chambre des dupes – Camille Pascal (Editions Plon – août 2020) 

À retrouver ma chronique de L’été des quatre rois 

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