La femme révélée de Gaëlle Nohant

Violet Lee a trouvé refuge dans un hôtel de passe au cœur de Paris. Violet s’appelle en réalité Eliza Donneley et a quitté la vie dorée qu’elle menait à Chicago avec son mari et son fils, n’emportant avec elle que quelques affaires, ses bijoux et son appareil photo, un Rolleiflex auquel elle tient particulièrement. Qu’est-ce qui a poussé cette jeune femme à ce sacrifice impardonnable : abandonner son fils pour partir à Paris où elle ne connaît personne ?  

En cette année 1950, Violet parcourt la ville, son appareil photo en bandoulière, fréquente les caves de jazz de Saint-Germain des Près et découvre la liberté, l’amitié mais aussi l’amour. 

Mais Violet reste une femme traquée, hantée par son passé et par son fils qu’elle a laissé derrière elle. 

Au fil d’un récit plein de sensibilité, Gaëlle Nohant nous raconte l’histoire que vit Violet à Paris et la vie passée d’Eliza à Chicago. Vingt ans plus tard, Eliza pourra enfin mettre fin à son exil et revenir dans son pays. Est-il trop tard pour renouer avec son fils ? Pourra-t-elle retrouver sa place dans une ville et un pays marqués par l’opposition à la guerre du Vietnam et l’assassinat de Martin Luther King ? 

Gaëlle Nohant nous livre avec ce roman un magnifique portrait de femme forte et libre mais aussi habitée par de nombreuses contradictions et de batailles intérieures. Une femme qui va au bout de ses convictions et de ses envies, devenant une photographe reconnue, une femme d’une modernité incroyable dans la France d’après guerre. 

« Comment lui faire comprendre que la beauté dépasse l’esthétique ? Pour moi, elle est l’émotion qui naît d’une parcelle de vérité éphémère. Elle n’a pas d’âge, de couleur de peau, de classe sociale. Elle peut être marquée, tatouée, indéchiffrable. » 

Par certains côtés, le personnage de Violet m’a fait penser à Vivian Maier, une photographe de l’anonyme et des laissés-pour-compte qui gagne sa vie en étant nanny pour de riches familles et qui conquiert sa liberté progressivement en s’affranchissant des diktats de la société. Mais la ressemblance s’arrête là. 

Une fois de plus, j’ai été emportée par le style de Gaëlle Nohant qui sait si bien rendre compte des sentiments. Une écriture profonde qui rend parfaitement justice à un personnage touchant qui traverse la vie armée de son appareil photo, à la fois bouclier contre les difficultés et arme pour témoigner de toutes ses vies en danger.  

Gaëlle Nohant va à l’essentiel, sans se laisser gagner par une grandiloquence inutile. Elle pose les choses, sans jugement avec une grande élégance et nous fait découvrir avec beaucoup d’intérêt cette femme qui se révèle à elle-même et à l’art. 

La femme révélée – Gaëlle Nohant (Editions Grasset – janvier 2020) 

19 commentaires sur “La femme révélée de Gaëlle Nohant

  1. Une belle sensibilité dans l’écriture et un amour sincère pour ses personnages. J’ai beaucoup aimé lire ce nouveau roman qui m’a permis de retrouver la plume d’une belle conteuse d’histoires.

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    1. C’est vrai que le personnage de Violet-Eliza a quelques traits communs avec Vivian Maier. Mais pour avoir lu le livre de Gaëlle Josse, c’est quand même très différent. A part le fait que Violet est photographe et qu’elle sera nanny quelques temps, leurs histoires sont assez éloignées. D’abord parce que Violet revendique son travail de photographe, et puis leurs vies personnelles n’a rien à voir. Franchement je n’ai pas été gênée par les quelques similitudes que j’ai pu trouver. La part des flammes est dans ma PAL 😉

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